- Notre-Dame
Notre-Dame
Crayon noir et crayons de couleur
1912
250 x 312 mm

Rik Wouters

(Malines 1882 - Amsterdam 1916)
  - Notre-Dame
Notre-Dame
Crayon noir et crayons de couleur
1912
250 x 312 mm

Œuvres

Rik Wouters - Nel accoudée
Rik Wouters - Le peintre Edgard Tytgat avec ses marionnettes

Biographie

Rik Wouters est un sculpteur, graveur et peintre fauviste belge né à Malines en 1882. À l’âge de douze ans, il commence sa formation artistique auprès de son père, fabricant de meubles (un secteur qui fait alors la réputation de la ville). Après trois années d’apprentissage, sa vocation pour la création et pour la sculpture le décide à donner une orientation plus artistique à sa formation. En 1897, il s’inscrit à l’Académie des Beaux-Arts de Malines où il suit l’enseignement de Théo Blickx. En 1900, sous les encouragements de son mentor, Wouters s’inscrit à l’Académie de Bruxelles où il suit notamment le cours de « sculpture d’après nature » de Charles Van der Stappen. En 1902, enrôlé dans l’armée, il obtient l’autorisation de poursuivre sa formation académique en cours du soir tout en participant le jour aux exercices militaires. En 1904, Rik Wouters rencontre Hélène Duerinnckx, surnommée Nel. A ce moment-là, elle pose pour différents artistes. Rik et Nel se fréquentent : elle pose pour le jeune artiste et devient sa muse. Au même moment, Wouters fait la rencontre de Fernand Schirren, Edgard Tytgat, Anne-Pierre de Kat et Jean Brusselmans.
Rik et Nel se marient le 15 avril 1905. Ils s’installent à Watermael mais leurs conditions d’existence sont précaires, ils n’ont d’autres choix que de rentrer vivre à Malines chez le père de Wouters. Ce retour à la case départ est vécu comme une humiliation. Nel devient la servante de la famille et Rik ne parvient pas à réaliser ses ambitions. Ils regagnent finalement la capitale dans le dénuement le plus total obligeant Rik à exécuter des travaux purement alimentaires. Dans ces conditions misérables, Nel tombe gravement malade. Sur ordre du médecin, le couple s’éloigne de la ville et emménage en 1907 dans une petite maison à Boitsfort, dont le jardin donne sur la forêt de Soignes. Le bonheur sensuel et la grande pauvreté vont de pair. Rik Wouters y réalise l’essentiel de son œuvre. Le village, les maisons et Nel deviennent les modèles les plus importants de son œuvre. La même année, il présente trois sculptures au Salon Triennal de Bruxelles dont Rêverie. Il s’agit de sa première œuvre réellement libérée de la rigidité académique.
En peinture, c’est avec des portraits qu’il entame sa carrière. Sa technique est nettement moins développée que pour la sculpture car il n’a suivi aucune formation particulière. Néanmoins, ses œuvres peintes entre 1899 et 1907 sont souvent très abouties, les modèles montrent une attitude sévère et froide, parfois empreintes de mysticisme. Il se lance ensuite dans les compositions symboliques et allégoriques auxquelles il essaie d’apporter une luminosité nouvelle. Ses sujets évoluent également et deviennent des compositions plus complexes, notamment des scènes extérieures. La critique artistique commence à citer régulièrement son nom en soulignant l’originalité de ses œuvres. À l’Exposition universelle et internationale de Bruxelles de 1910, Wouters y expose trois œuvres. Là-bas, il a l’occasion d’admirer les peintures et sculptures d’artistes français tels que Renoir, Monet, Bourdelle, Rodin, etc. Rik Wouters délaisse de plus en plus l’argile pour la peinture, qui correspond davantage à son caractère spontané. Les critiques sont encourageantes mais les ventes sont rares.
Un peu plus tard, les Wouters rencontrent George Giroux et sa femme Gabrielle. Giroux envisage d’ouvrir une galerie et recherche des artistes prometteurs. Impressionné par une grande sculpture sortant de la glaise, il décide d’aider le jeune artiste en lui ouvrant un compte aux Établissements Mommen où l’artiste peut acheter tous les matériaux nécessaires. Cette grande sculpture deviendra La Vierge folle, également nommée La Violence folle, une création étourdissante que Rik Wouters entame en 1909 après avoir assisté à un spectacle d’Isadora Duncan. Elle matérialise subtilement la personnalité généreuse et pleine d’allégresse de l’artiste. Si son modèle favori est Nel, les enfants du quartier aiment aussi venir poser pour le sculpteur. Les sujets de ses sculptures s’imprègnent désormais d’une expression très vivante. En avril 1912, Giroux propose à Wouters un contrat pour qu’il perçoive des mensualités et un pourcentage des ventes. En échange, l’artiste assure au marchand l’exclusivité de sa production. Wouters entre dans une période de grande production, il peint une soixantaine de toiles en une année. Sa participation à l’exposition inaugurale de la Galerie Georges Giroux est importante pour lui. Remportant un grand succès, Rik Wouters peut enfin réaliser son rêve : se rendre à Paris pour y découvrir les impressionnistes et surtout les tableaux de Cézanne. Il part avec Nel et deux autres artistes, Frans Smeert et Ernest Wijnants. Ensemble, ils arpentent Paris, ses galeries, ses salons et ses musées. Ce séjour est riche en découvertes pour Wouters qui dessine à l’aquarelle, aux pastels et aux crayons de couleur.
De retour à Boitsfort, Rik Wouter s’engage dans la peinture en plein air. Sa manière de peindre est radicalement différente : sa palette s’éclaircit et ses couleurs deviennent éclatantes. Il dépasse la facture impressionniste : il n’applique plus la matière en une multitude de touches colorées, la toile est à peine effleurée à la brosse laissant souvent apparaitre la toile. L’intensité et la liberté de ses coloris, mais aussi la fougue dans l’exécution se rattachent indéniablement au fauvisme. La pratique artistique de Wouters se développe à une époque où les artistes plasticiens novateurs rompent radicalement avec la tradition. Ils revendiquent le droit de donner librement forme à leur perception et à leur expérience de la réalité. Chez Wouters, la peinture est un message ouvert qui invite le spectateur dans son entreprise créative. En 1912, Wouters participe à l’Exposition internationale de Venise. Il se rend également à Cologne et à Düsseldorf où il visite l’Exposition internationale d’Art. Ce voyage lui donne l’occasion de découvrir les tableaux des expressionnistes allemands. En 1913, il participe à de nombreuses expositions dont le Salon de Paris. Ensor, qu’il admire depuis toujours, accepte de poser pour son buste. Même si d’autres sculptures sortent de la glaise, elles restent au second plan depuis qu’il s’est lancé à toutes forces dans la peinture. Grâce à la récompense du Prix Picard, il achète un terrain sur les hauteurs de Boitsfort, sur la place de la Citadelle. Il y fait construire une petite maison avec un grand atelier. A la fin de l’année, il effectue un nouveau voyage à Paris. Ce voyage ne l’enchante guère, il est malade et déçu des expositions qu’il visite, n’y voyant que du plagiat de Cézanne. Pendant l’hiver 1913-1914, il travaille beaucoup afin de préparer son exposition personnelle qui doit avoir lieu chez Giroux en février. Il y expose l’ensemble de son œuvre. C’est une consécration et les ventes s’enchaînent. Mais Giroux ne respecte pas toutes les clauses du contrat, ne versant à Wouters ni les mensualités prévues ni le produit des ventes.
Le 31 juillet 1914, la guerre éclate. Rik Wouters est mobilisé et envoyé au front dans la région liégeoise. Il ne comprend pas cette guerre, vit mal l’éloignement avec Nel et s’affole des horreurs qui l’entourent. Il se plaint de plus en plus souvent de douleurs à la tête. En traversant la frontière néerlandaise, une partie de l’armée belge se retrouve internée à Amersfoort. Nel qui vit désormais à La Haye, loue une petite chambre à Amersfoort d’où elle peut facilement rejoindre son mari qui parvient à quitter le camp quelques heures par jour. Il se remet à travailler et réalise quelques dessins et aquarelles du camp, de la campagne environnante et de Nel dans leur petit appartement. En revanche, sa santé se détériore rapidement. En février 2015, il est opéré à l’hôpital d’Utrecht de ce qu’il croit être une sinusite, mais qui est en réalité un cancer du sinus maxillaire. Après l’opération, il doit se rendre deux fois par semaine à l’hôpital pour y subir des traitements.
Au printemps 1915, il obtient une liberté conditionnelle. La prise en charge par les époux Eppo Roelfs Harkema de ses soins médicaux et de son installation avec Nel dans un appartement à Amsterdam lui permettent de retrouver son enthousiasme perdu depuis son départ de Boitsfort. Il y peint, entre autres, cette composition chatoyante Après-midi à Amsterdam, qui témoigne du bonheur retrouvé. En octobre 1915, le Rijksmuseum organise une exposition de ses œuvres sur papier et, reconnaissance inespérée, le Stedelijk Museum présente en 1916, quelque 80 pièces. Il s’agit de la première exposition d’ensemble de son œuvre dans un musée. Parallèlement à cela, la maladie gagne du terrain et l’artiste souffre de lourdes séquelles de sa dernière opération : il perd l’usage d’un œil ainsi qu’une partie de sa mâchoire. Ses dernières œuvres sont peintes dans une gamme de tons lourds et l’absence de couleurs éclatantes reflète son désespoir. Il doit quitter son appartement et subir une troisième intervention chirurgicale à l’hôpital de Prinsengracht. Les derniers mois de sa vie ne sont que souffrance. Il meurt le 11 juillet 1916 à l’âge de 34 ans. Pour Nel, restée à ses côtés jusqu’au bout, une nouvelle vie commence consacrée à la défense et à la reconnaissance de l’œuvre de son mari.
 
Références bibliographiques
Neumann, N., Méséguer, S., Bertrand, O., Hautekeete, S., Leen, F., Rossi-Schrimpf, I., Todts, H. & Vandepitte, F., 2017. Rik Wouters : Rétrospective. Paris : Somogy Éditions d’Art. [Catalogue d’exposition ]
Piron, P., 2003. Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècle. Ohain : Art in Belgium.