- Bois polychrome
Bois polychrome
Huile sur bois
Signature et date en-dessous : FOLMER / 1951
1951
48 x 18 x 19,5 cm

Georges Folmer

(Nancy 1895 - Neumühl 1977)
  - Bois polychrome
Bois polychrome
Huile sur bois
Signature et date en-dessous : FOLMER / 1951
1951
48 x 18 x 19,5 cm

Œuvres

Georges Folmer - Composition

Biographie

« L’Art non figuratif est la recherche de la personnalité profonde de l’artiste ; c’est un balancement mesuré de son équilibre, de sa sensibilité, de sa fantaisie Équilibre des surfaces et des lignes vont de pair avec la mesure et la raison. »
Note manuscrite de Georges Folmer, 1950.
 
Georges Folmer naît à Nancy dans une famille ouverte aux nouvelles tendances artistiques. Adolescent, il suit un enseignement technique (dessin industriel, travail du bois et du fer), avant d’entrer à l’École des Beaux-Arts de Nancy, où la formation est académique et pluridisciplinaire.
Au début des années 1920, Georges Folmer s’installe à Paris et fréquente les milieux avant-gardistes. Au départ, il est proche des peintres nabis, Henri-Gabriel Ibels, Paul Sérusier, Maurice Denis, dont l’influence se ressent à travers la stylisation des formes cernées de noir et l’épuration générale de la composition, qui apparaissent alors dans les travaux de Georges Folmer.  Bientôt, il se montre également attiré par le cubisme qui, parallèlement à un travail de gravure sur bois et d’émaux, le conduit vers une plus grande simplification de la forme et une stylisation du sujet.
Au fil des années, plusieurs rencontres marqueront son parcours artistique et l’ancreront dans un réseau d’artistes explorant les voies de l’abstraction. Tout d’abord, en 1926, il fait la rencontre de Félix Del Marle et les représentants de la revue Vouloir, qui l’initient pour la première fois à l’abstraction et au néoplasticisme. Il se met dès lors à étudier les théories de Mondrian, Van Doesburg et Vantongerloo. Ensuite, en 1930, Georges Folmer fait la connaissance de Michel Seuphor, fondateur du groupe Cercle et Carré ; son travail s’oriente vers une esthétique cubiste de plus en plus marquée et un abandon du sujet. Deux ans plus tard, il rencontre Auguste Herbin, président du groupe essentiellement constructiviste Abstraction-Création fondé par Seuphor et Torrès-Garcia, en réaction au surréalisme ambiant. Georges Folmer entame alors une nouvelle phase de recherches picturales complètement orientée vers l’abstraction géométrique et persévère dans son étude des écrits de Mondrian qui lui font prendre conscience de l’efficacité des formes pures. Cette nouvelle manière lui vaut les éloges de la critique et il poursuit donc son travail, en l’approfondissant par l’étude du nombre d’or et des polyèdres, grâce à son voisin d’atelier, le peintre et mathématicien Dimitri Viner, initié à ce savoir exceptionnel par le maître en la matière, le prince Matila Ghyka.
Au milieu des années 1930, Georges Folmer participe au premier Salon d’art mural à Paris, en compagnie de Gleizes, Kandinsky, Lhote, Gorin, et il s’installe dans son atelier de La Ruche, célèbre phalanstère d’artistes, dans lequel il restera trente-trois ans. En 1939, Georges Folmer participe à l’exposition internationale d’abstraction à la galerie Charpentier, antichambre du Salon des Réalités Nouvelles, groupe soutenu par Auguste Herbin, que Frédo Sidès fondera six ans plus tard et auquel Folmer prendra part activement. Cette manifestation à la galerie Charpentier est l’occasion de renforcer un lien d’amitié fort et durable qui unit désormais Folmer, Gorin, Béothy, Del Marle et Servanes.
Dans les années 40, il acquiert véritablement sa maturité abstraite avec ses encres-monotypes et ses bois polychromes, dont Symphonie harmonique (1942), référence accomplie au nombre d’or. En 1948, Georges Folmer fait partie des signataires du manifeste du Salon des Réalités Nouvelles et de ceux qui protestent contre l’élimination systématique des œuvres abstraites au sein des manifestations officielles. Dans ce cadre, il rejoint, au café de la Boule d’Or, Felix del Marle et le noyau dur de la section des constructivistes des Réalités Nouvelles, afin d’y débattre de l’intégration des arts plastiques dans la vie quotidienne et dans l’environnement architectural. Deux ans plus tard, au Salon des Réalités Nouvelles, Folmer met en place, sous l’égide de Del Marle et Herbin, la « Salle Espace », dont les œuvres témoignent de l’influence de Mondrian. Cette année-là, sa première exposition personnelle d’envergure est organisée chez Colette Allendy, seule galerie parisienne avec, Denise René, à soutenir l’abstraction géométrique.
En 1951, André Bloc, directeur de la revue Art d’aujourd’hui, crée le groupe Espace, auquel Georges Folmer adhère, de même que Sonia Delaunay, Walter Gropius, Fernand Léger, Serge Poliakoff, André Bruyère, Léo Breuer, Aurélie Nemours, Jean Arp et Silvano Bozzolini. L’objectif du groupe est de favoriser l’intégration de l’art dans la vie quotidienne et la collaboration entre peintres, sculpteurs, architectes et plasticiens. Dans ses activités avec le groupe, Folmer est chargé de l’aménagement des chambres d’étudiants à la Cité universitaire internationale de Paris, avec Delaunay, Émile Gilioli, Poliakoff et Roger Desserprit. Il est au même moment désigné responsable de la Section Géométrique des Réalités Nouvelles et devient véritablement un acteur majeur de la scène artistique française. Cependant, quelques années plus tard, en 1955, le conflit qui surgit au sein des Réalités Nouvelles entre les artistes informels et les artistes constructivistes amène Herbin à la démission et laisse donc Folmer comme seul défenseur et représentant de l’art géométrique au sein du comité. Son engagement tenace dans l’esthétique géométrique lui vaut d’être considéré par Seuphor comme un des piliers moraux du Salon. Un an plus tard, en réaction à la politique d’André Bloc suite à la mort de Del Marle, Folmer quitte le groupe Espace, suivi de près par ses amis Gorin et Servanes.
A la fin des années 50, son style évolue par l’introduction de courbes, de formes ovoïdes et par la convocation du hors champs. Il tente également d’intégrer le mouvement à ses œuvres en créant des roto-peintures, des roto-corps, sans effet d’optique mais animés par la main du spectateur et toujours dans l’esprit d’une intégration à l’architecture.
En 1961, Georges Folmer décide de créer le groupe Mesure, ayant pour programme d’organiser des expositions d’art non-figuratif sous toutes ses formes, en insistant sur la réunion des différentes pratiques artistiques. Il compte parmi ses membres : Jean Gorin, Léo Breuer, Marino Di Teana, Aurélie Nemours, Luc Peire, Marcelle Cahn, Francis Pellerin et Bernard Lassus. Dans les premiers temps, le groupe connaît un certain succès : il inaugure un cycle d’expositions en France et à l’étranger, il s’enrichit de membres venus d’Allemagne, de Belgique, de Suède, d’Islande. Mais le manque d’écho en France combiné aux difficultés financières contraignent Mesure à cesser toute activité en 1966. Toutefois, son existence a le mérite d’ancrer à nouveau les constructivistes dans le paysage artistique d’avant-garde et de renouveler l’intérêt sur la synthèse des arts.
L’année 1968 marque quelque peu la fin de la carrière de Georges Folmer. Le Coin des Princes à La Ruche où se trouvait son atelier est en passe d’être démoli et il se trouve obligé de quitter ce lieu de travail et de vie qu’il a occupé pendant plus de trente ans. En outre, sa santé déclinante le conduit à un certain isolement et il décide de s’établir en Allemagne, à Neümuhl, où résidait sa dernière compagne. Il expose une dernière fois dans une galerie de Strasbourg en 1969, avant que Paris ne lui rende hommage, en 1972, en organisant son jubilé dans le cadre du Salon des Réalités Nouvelles. Mais, sa santé l’isole de plus en plus, bien qu’il poursuive des projets qui resteront malheureusement dans ses cartons. Il s’éteint finalement en 1877, dans la petite ville qui l’avait accueilli près de dix ans plus tôt.
 
Cette biographie résume le contenu présenté dans : Pierre Lasfargues e.a., Georges Folmer 1895-1977, catalogue raisonné, Tourgéville, Librairie des musées, 2015, pp. 247-252.