- Composition
Composition
Encre de chine sur papier
Signature en bas à gauche : Floris Jespers 21
1921
205 x 256 mm

Floris Jespers

(Borgerhout 1889 - Anvers 1965)
  - Composition
Composition
Encre de chine sur papier
Signature en bas à gauche : Floris Jespers 21
1921
205 x 256 mm

Biographie

Floris Jespers, né à Borgerhout le 18 mars 1889, est un peintre, graveur et sculpteur avant-gardiste belge. Issu d’une famille de sculpteurs, fils de Catharina Verelst et d’Émile Jespers, Floris Jespers s’inscrit en 1900 à l'Académie Royale des Beaux-Arts d'Anvers. Entre 1909 et 1913, il suit le cours de peinture de paysage de Franz Courtens à l’Institut National Supérieur des Beaux-Arts d’Anvers. Pendant quinze ans, il est violoncelliste dans un orchestre de music-hall et dans des théâtres. Marqués par le fauvisme de Rik Wouters, ses premiers paysages, vers 1917, sont peints dans la mouvance impressionniste. Le poète Paul Van Ostaijen pousse Floris à revoir sa manière de peindre. Il regroupe autour de lui un noyau d’amis, Jozef Peeters, Jos Léonard, Paul Joostens et les frères Jespers, qui constitue ce que l’on nommera plus tard l'avant-garde anversoise. Ensemble, ils fondent l’un des premiers groupes modernistes de Belgique : la confrérie De bond zonder gezegeld papier (La fédération sans papier timbré). Après une brève période fauve, Jespers s'essaie alors au cubisme, au constructivisme, à l'expressionnisme et à la peinture figurative. Il cherche une voie expressive personnelle.
En 1921, abandonnant une période d’abstraction construite pour laisser place à un expressionnisme empreint de cubisme, Floris Jespers s'oriente vers la peinture sous verre. Très rapidement, il devient maître de sa technique. La volonté de construire plastiquement le visage s’allie au sens du décoratif pour rompre la monotonie des grands plans cubistes. Combinant technique de grattage, utilisation de feuilles métalliques et recettes picturales traditionnelles, il enrichit son vocabulaire technique. À la recherche d’un style en totale adéquation avec le support, chaque influence artistique se révèle bienvenue. La même année, Jespers présente pour la première fois son travail au niveau international, lors de l'exposition du groupe artistique néerlandais De Branding avec Kurt Schwitters et Fokko Mees. En 1925, il devient membre du Kunst van Heden. Il contribue également aux publications de Ça Ira, Le Centaure et Sélection. En repensant à cette période, Jespers déclare en 1959 : « Avec les cubistes, j'avais découvert qu'un tableau devait être construit. L'expressionnisme m'a ensuite appris que la lumière et l'air autour d'un objet ne suffisaient pas ; l'objet lui-même a des valeurs essentielles : forme, longueur, largeur, profondeur. Ainsi, l'expression devait être donnée à la forme naturaliste de l'objet. » Au sein de la famille expressionniste, Floris Jespers a parfois des affinités thématiques avec les peintres du second groupe de Laethem-Saint-Martin. C’est entre 1924 et 1926 qu’apparait pour la première fois chez lui le thème du clown ; arlequin ou pierrot. Pour Floris, le clown est avant tout un habit bigarré, où les couleurs les plus agressives se mêlent aux paillettes d’or et d’argent. Dans ses œuvres, c’est le costume qui a le premier rôle. Durant toutes les années vingt, tant dans la peinture sur toile que dans la gravure ou sous verre, Jespers aborde un style cubo-expressionniste pour évoluer vers des scènes plus élégantes, préférant les scènes de port de plaisance et les sites balnéaires aux étendues rurales flamandes, aux villages habités par des paysans. Son modernisme défiant les frontières s'adouci vers les formes traditionnelles de la peinture. À partir de 1928, deux thèmes régissent l’univers de Jespers, les scènes de cirque et les représentations féminines, complétées parfois par de poétiques petits paysages.
Les années 1930 amènent un changement dans le travail de Jespers. Cette mutation est centrée autour du rêve et du mouvement. Le principe du rêve trouve son origine dans les visions effrénées de Chagall. Ses peintures ont une réelle monumentalité et sont exécutées dans un style clairement influencé par les mouvements européens contemporains. La vision du monde forain s’élargit ; trapézistes, acrobates en tutu, clownesses disputent la vedette à leurs partenaires masculins. L’introduction du mouvement donne une impulsion nouvelle à son œuvre car il libère son trait. Au cours de ces années, Jespers réalise des tapisseries pour les expositions universelles de Paris et de New York à la fin des années 30. Les figures plus réalistes de ses œuvres sont en concordance avec l’évolution stylistiques de la plupart des artistes belges au même moment. Les audaces avant-gardistes sont abolies ou assimilées.
Entre 1951 et 1957, Jespers effectue trois grands séjours au Congo, alors colonie belge. Il est resté dans la ville de Kamina où son fils Mark travaille comme médecin. L'expérience de l'Afrique est une révélation pour l'artiste qui étudie les objets culturels du continent dans sa quête précoce du modernisme. Le soleil du Congo, les couleurs africaines enthousiasment Jespers et vivifient ses créations. Il traduit ses impressions, en particulier ses rencontres avec le peuple congolais, en fresques qui s'animent de couleurs et de coups de pinceau énergiques. L’artiste ne représente cependant pas une Afrique idéalisée typique à travers le prisme occidental, il s'assure de voyager en dehors des villes pour s'engager avec différentes populations. De retour en Belgique, les peintures sont bien reçues et une exposition est organisée à Anvers, puis à Amsterdam. Les tâtonnements qui caractérisent les recherches formelles de Jespers vont de pair avec un papillonnement thématique. Sa carrière est particulièrement riche. Au cours des 55 années de créativité, il s’adonne tour à tour à l’huile, au dessin, à la gravure, à l’aquarelle et à la sculpture. Parallèlement à ces modes d’expression, son œuvre sous verre s’épanouit et se développe avec continuité et cohérence malgré les brusques ruptures stylistiques dans ses toiles et dans ses dessins. Floris Jespers s’éteint le 16 avril 1965 à Anvers, il est alors âgé de 76 ans.
 
Références bibliographiques
Fredericq, L., 1989. Floris Jespers Achterglasschilderijen-Peintures sous verre. Bruxelles : Lamandart.