- Le corsage mauve
Le corsage mauve
Pastel et crayons de couleur sur papier
Date et signature en bas à droite: 1918 / M. Verburgh
1918
670 x 520 mm

Médard Verburgh

(Roulers 1886 - Bruxelles 1957)
  - Le corsage mauve
Le corsage mauve
Pastel et crayons de couleur sur papier
Date et signature en bas à droite: 1918 / M. Verburgh
1918
670 x 520 mm

Œuvres

Médard Verburgh - Sixième avenue et Ziegfeld Theater - New York
Médard Verburgh - Coucher de soleil Grand Place, Bruxelles
Médard Verburgh - Sur les toits de New York
Médard Verburgh - L'Artiste et sa femme
Médard Verburgh - Affiche d'exposition en 1916

Catalogue

Biographie

Médard Verburgh naît à Roulers, en Région flamande, le 16 février 1886. Privé d’affection durant son enfance, par la mort précoce de sa mère d’une part et l’abandon de son père d’autre part, Médard devient un adolescent turbulent. Il se forme dans un premier temps à l’Académie de Roulers, de 1905 à 1907. Muni d’un bagage technique déjà conséquent, il s’installe dans la capitale belge. Il gagne sa vie comme décorateur et suit les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles chez Constant Montald (1907-1911). Il s’affranchit de l’esthétique « toute puissante » du symbolisme et se limite à peindre les phénomènes de la réalité quotidienne. La touche de couleur impressionniste devient la base de son art. Verburgh ne dépeint ni la douleur, ni la tristesse, pourtant inhérentes à son quotidien. Sa doctrine artistique suggère une fin unique : la délectation.
Le salon jubilaire de 1908 et L’évolution du paysage de 1910, tous deux vitrines de l’impressionnisme et du néo-impressionnisme (Pissarro, Seurat, Monet, Renoir) inspirent Verburgh sur l’esthétique de la lumière, alors présentée sous toutes ses formes. L’artiste adopte le paysage comme vecteur de liberté. Son approche du réel le porte dans l’évocation d’un intimisme rayonnant des intérieurs : lieux de flâneries, plaisirs musicaux, travaux domestiques, ... En 1910, à vingt-quatre ans seulement, Médard participe à la manifestation d’art belge lors de l’Exposition Universelle de Bruxelles au Palais du Cinquantenaire. Il fréquente ces années-là l’atelier libre L’effort, nid des fauvistes brabançons dont l’artiste-peintre Auguste Oleffe, en qui il trouve un père spirituel. Ce dernier l’encourage à continuer de privilégier la nature à l’enseignement académique. Il faut peindre librement. En 1911, il termine son cycle d’études à l’Académie de Bruxelles et obtient alors comme récompense de la Ville une bourse de 1000 francs pour voyager. Il partira deux ans plus tard en Italie, où il s’adonnera à la peinture à l’huile qui témoigne de l’éternel éblouissement des artistes septentrionaux devant les architectures ensoleillées de la péninsule. Il a une prédilection pour les figures, les nus, les portraits, les paysages, les marines et les natures mortes.
De retour à Bruxelles, Médard compose des paysages urbains, tout en favorisant certains lieux de la capitale : la Grand Place ou le quartier des Marolles. Il y rencontre d’ailleurs celle qui deviendra sa femme, source d’inspiration et muse, Berthe Kestemont. En 1914, surgit la Guerre et toutes les interrogations qu’elle suscite. Mais pour le fauve belge, il n’est pas question que l’atroce réalité atteigne sa vie intérieure. Fidèle à son univers pictural, il commence cependant à synthétiser davantage la forme et marque une préférence nette pour les couleurs pures. Il affranchit sa facture selon une manière fauve, haute en couleurs. Suivant l’exemple de Cézanne, il commence à élaborer davantage ses compositions tout en préservant la spontanéité de l’émotion. Il évolue par la suite vers une expression poétique de la réalité. L’entre-deux-guerres est marqué par de longs séjours à Ostende. C’est là qu’il se départira de ce tachisme mosaïqué qui avait été l’une des marques de son fauvisme pour une facture plus expéditive et spontanée, allongeant les coups de brosse au rythme des vagues. La palette aussi va évoluer au profit de tonalités plus sombres et dramatiques, mais dont la densité est obtenue par la superposition de pigments empâtés.
En mai 1929, le couple Verburgh part à la conquête du Nouveau Monde et déménage à New-York. Installés dans un appartement de la cinquante-troisième rue, ils vont vite connaître la dépression économique. Cela obligera l’artiste à s’assurer un travail extra-pictural en guise de gagne-pain. Il travaille alors pour une firme de décoration de jardins, tandis que son épouse confectionne des abat-jours. Malgré la réjouissance d’une première exposition new-yorkaise du peintre, nichée dans la célèbre Newhouse Galleries, Médard et Berthe sont contraints de regagner le Vieux Continent en mai 1931. En juin de la même année, Médard Verburgh séjourne à Paris où se trouve son ami peintre José de Creeft, qui le familiarise avec le monde artistique de la ville lumière. L’expérimentation culturelle d’une ville étrangère ne le laisse pas indifférent. Il témoigne alors de désirs profonds d’évasion. C’est ainsi qu’il se laisse embarquer par de Creeft vers les Îles Baléares, où il finit par s’installer avec son épouse Berthe. L’environnement de cette aventure nouvelle lui permet de perfectionner la nature de son art. Dans un registre tempéré de fauvisme expressionniste, fidèle à celui de ses débuts, Verburgh continue de dépeindre le quotidien de ces sublimes terres insulaires, en conservant une esthétique du bonheur. Il ramena de nombreux paysages, marines, scènes pittoresques d’un coloris joyeux et d’une technique franche. En 1935, naît leur fils Jean. Une dizaine d’années plus tard, le contexte socio-politique de l’Espagne, aggravé par l’arrivée de Franco au pouvoir, obligera les Verburgh à quitter leur paradis méditerranéen. Après le départ de l’artiste, l’Île de Majorque ne l’oubliera pas. Plusieurs fois, il sera invité à exposer personnellement ou collectivement au Circulo de Bellas Artes à Palma, recevant de la ville et du Gouvernement provincial des médailles d’honneur. En avril 1948, la famille Verburgh retourne définitivement à Bruxelles. Arrivé à la soixantaine et conscient que ses meilleures années sont derrière lui, Médard aspire à retrouver sa terre natale. Il s’adonne, plus que jamais, aux natures mortes qu’il décline à travers moult nouvelles compositions aux couleurs chaudes. En 1954, Médard est frappé par une embolie cérébrale qui l’affaiblira énormément. Il doit se résoudre à cesser toute activité et s’éteint le 10 mai 1957, à l’âge de 71 ans.
Le long exil de l’artiste a eu raison de son succès dans son pays natal. En 1968, le Musée d’Ixelles lui consacre une exposition rétrospective. Elle sera suivie par d’autres hommages qui rendront à Médard Verburgh la grandeur de son art. Pour le critique Stéphane Rey, « L’artiste s’est toujours gardé des outrances de l’imagination et des excès de la matière. C’est un sage, un sensible, un réfléchi. Son ton est mesuré, il est simple, sans brio tapageur et il aime la belle lumière claire qui caresse les choses ». Robert de Bendère, son premier biographe, disait de lui : « il se contente d’être simple, d’animer intensément ce qu’il aime, d’exprimer intensément les images qu’il ressent de la vie ».
 
Référence bibliographique
Goyens de Heusch, S., 1994. Médard Verburgh, 1886 – 1957. Tielt : Lannoo uitgeverij. [Catalogue raisonné