- Le temps de la prière
Le temps de la prière
Craie, encre et pastel sur papier
Signature en bas à gauche : XMellery
Monogramme au verso : XM
Circa 1890
220 x 132 mm

Xavier Mellery

(Bruxelles 1845 - Bruxelles 1921)
  - Le temps de la prière
Le temps de la prière
Craie, encre et pastel sur papier
Signature en bas à gauche : XMellery
Monogramme au verso : XM
Circa 1890
220 x 132 mm

Œuvres

Xavier Mellery - La tricoteuse
Xavier Mellery - Mère et enfant
Xavier Mellery - La Leçon de piano
Xavier Mellery - Accouchement en Zélande dans une cabane de pêcheurs
Xavier Mellery - Vieille béguine montant l’escalier

Biographie

Peintre de compositions décoratives, de figures, de portraits, d’intérieurs, dessinateur et illustrateur, Xavier Mellery est né le 9 août 1845 à Laeken, d’un père flamand et d’une mère wallonne. Dans son œuvre, il évoque ce qui est à l’écart, isolé, hors du mouvement et du bruit. Son élément, c’est la pénombre. Son nom ne se rattache directement à aucun des grands mouvements esthétiques de son temps. Est-il réaliste, symboliste, impressionniste ? Oui et non, car si son âme hypersensible est subtilement influencée par les courants spirituels qui traversent son époque, il reste le solitaire plein de réserve. Son univers dégage un halo de travail, de persévérance et d’acharnement. « Un saint au milieu des sceptiques et des profanes » a dit de lui son ami Paul De Vigne. En effet, c’est l’idée de la sainteté qu’évoque cette carrière vouée avec intransigeance à la poursuite d’un but quasi mystique. Ce but, il l’appelait son Idéal – mot qu’il répétait avec insistance dans ses conversations et ses écrits, mot qu’il n’a jamais pu clairement définir mais qui résumait pour lui cette haute attraction spirituelle dont il éprouvait si profondément, malgré son caractère imprécis, l’action vivante et rayonnante sur son âme.
Xavier Mellery débute sa formation comme apprenti chez le peintre décorateur Charles Albert où il apprend les bases du métier de peintre muraliste. Il bénéficie ensuite d’une formation complète à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles de 1860 à 1868 qui lui fournit une connaissance approfondie de son métier d’artiste. En 1870, Mellery s’inscrit au concours Prix de Rome organisé par l’Académie d’Anvers et il remporte le premier prix. Cette récompense représente à l’époque la consécration des études artistiques et elle permet au lauréat d’aller se former en Italie. Où qu’il se trouve et quelles que soient les circonstances de sa vie, il ne cesse de peindre et de dessiner. Dans un premier temps, ses œuvres sont influencées par le réalisme d’Henri Leys et de Charles Degroux. En sa qualité de lauréat du Prix de Rome, Mellery est d’emblée proche des milieux académiques. Toutefois il se rapproche également des milieux progressistes de son temps. Il est l’un des premiers à occuper un atelier chez le commerçant Félix Mommen. Celui-ci avait une manufacture de matériel pour artistes et il leur louait également des ateliers. Cet endroit constitue un lieu propice aux rencontres et aux échanges. Xavier Mallery y côtoie de nombreux artistes et écrivains avec lesquels il lie de profondes amitiés : Edmond Picard, Camille Lemonnier, Émile Verhaeren et Constantin Meunier. C’est là aussi qu’il enseignera au seul élève qu’il aura dans sa carrière : Fernand Khnopff.
En 1878, Xavier Mellery part pour l’île de Marken en Hollande, dans le but de s’inspirer des lieux pour illustrer un ouvrage de Charles de Coster. Lorsque Mellery peint les images de ce paradis perdu qu’était pour lui l’île de Marken, tout comme la Bretagne symbolisa les terres vierges pour Gauguin, il les charge de valeurs universelles par leur vision synthétique et par l’exclusion de tout élément anecdotique. Cette période marque un moment charnière de son évolution artistique dans laquelle se marque une distanciation vis-à-vis de sa formation académique et où il s’inscrit dans le courant naturaliste de l’avant-garde belge de la fin des années 1870. En adéquation avec ce courant, Mellery semble vouloir réaliser avec objectivité une description scientifique des lieux ; en partant du particulier, c’est l’universel qu’il veut atteindre.
Après ses années de formation, au moment où Xavier Mellery arrive à la maturité de son style, son œuvre comporte deux grands aspects qui se distinguent dans sa production : l’un dit intimiste, qui se rattache au symbolisme et l’autre dit allégorique, qui se rattache à l’idéalisme. Vers 1885, début de sa production intimiste, celle-ci porte l’empreinte de l’émotion de l’artiste, sa quête de l’essence intime des choses et nous porte par-delà leur apparence. Dans le versant intimiste du travail de Mellery, son besoin de recueillement et de solitude se fait de plus en plus pressant. L’artiste recherche les coins tranquilles, les fonds de jardins, les vestibules silencieux, les chambres closes, les béguinages, les cloîtres ; il affectionne ces lieux qui lui permettent de méditer et d’aiguiser son émotion jusqu’à devenir hyper sensible au mystère et à ne plus s’arrêter de frémir religieusement. Mais même au cœur de l’ombre, jamais la lumière ne s’est éteinte complètement.
Xavier Mellery réalise également de nombreuses œuvres et des projets de peintures murales dans le langage codifié qu’est l’art allégorique. Cette autre facette de sa production artistique est à situer dans une mouvance que l’on appelle l’idéalisme. Cet art idéaliste, hostile au progrès, est fondé sur le « respect de la tradition, la restauration de l’autorité, l’établissement d’un nouvel ordre basé sur le passé ». L’emploi des allégories et des personnifications se présente sous différentes formes d’art que Mellery réalise, que ce soit dans ses dessins, tableaux, illustrations de livres, affiches, projets de diplômes, projets de médailles, sculptures ou dans ses projets de peintures murales. La partie allégorique de son travail est liée à l’obtention de nombreuses commandes publiques et témoigne donc de l’appréciation de l’artiste par ses contemporains. La beauté artistique des œuvres allégoriques de Mellery naît d’un échange intime précieusement équilibré entre ses différentes composantes. La grâce et la perfection de la ligne du dessin, le côté sensible et humain des visages des personnages, leur perpétuel mouvement souple et ralenti, l’omniprésence des mains affectives, l’érotisme discret des corps, la grâce musicale des devises à travers lesquelles l’artiste vise à expliciter son message, les choix iconographiques soigneusement étudiés ; tous ces éléments concourent à former un ensemble où pas un seul ne prend la primauté sur l’autre.
Dès lors, il demande une lecture attentive, sensible et réfléchie. L’œuvre qu’il laisse est donc des plus diverses ; il peint, écrit, sculpte, dessine, ... Mais sa volonté, sa philosophie profonde, il nous les fait saisir le mieux quand il s’exprime dans un langage de peintre : il faut, disait-il, faire oublier la couleur et la forme à force d’émotion.
Au contraire de la plupart des peintres – Turner, Renoir, Van Gogh, Ensor, Smits et tant d’autres – qui évoluent du sombre au clair plus leur vision s’affine, Mellery est le plus lui-même dans les gammes obscures : plus il se concentre, plus ses toiles virent au noir. L’assimiler à l’impressionnisme serait absurde si l’on considère celui-ci exclusivement comme la peinture de la pleine lumière ; mais il appartient profondément à cette esthétique si on y voit aussi le peintre de la vibration, du frémissement, de l’émotion, de la lumière jusqu’au cœur des ténèbres. Mellery a illuminé la nuit, c’est sa façon à lui d’être un peintre de la lumière. L’espoir ne meurt jamais chez Mellery. L’artiste s’éteint le 4 février 1921, il est alors âgé de 75 ans. Il est inhumé au cimetière de Laeken2, non loin de son élève Fernand Khnopff.
 
Références bibliographiques
Goffin, A., s.d. Xavier Mellery. Paris-Bruxelles : Edition de la Société Anonyme La Revue d’Art.
Haesaerts, L. & Haesaerts, P., 1937. Xavier Mellery, Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, 16 octobre au 7 novembre 1937. [Exposition]
Mayer, G., 1995. Xavier Mellery, in Éliane De Wilde (préface), Le dictionnaire des peintres belges du XIVe siècle à nos jours depuis les premiers maîtres des anciens Pays-Bas méridionaux et de la Principauté de Liège jusqu’aux artistes contemporains. Bruxelles : La Renaissance du Livre.
Piron, P., 2003. Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècle. Ohain : Art in Belgium.  
Vanhamme, V. & Derrey-Capon, D., 2000. Xavier Mellery, L’âme des choses. Zwolle, Amsterdam, Bruxelles : Waanders, Van Gogh & Ixelles Museum.