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Nu
Aquarelle et encre de Chine sur papier mouillé
Signature en haut à droite : F. Schirren
Circa 1920
385 x 505 mm

Ferdinand Schirren

(Anvers 1872 - Bruxelles 1944)
  - Nu
Nu
Aquarelle et encre de Chine sur papier mouillé
Signature en haut à droite : F. Schirren
Circa 1920
385 x 505 mm

Œuvres

Ferdinand Schirren - Après le bain
Ferdinand Schirren - Nu
Ferdinand Schirren - Cruche
Ferdinand Schirren - Mère et enfant

Biographie

Peintre et sculpteur, Ferdinand Schirren naît le 8 novembre 1872 à Anvers de parents originaires de Lettonie. Il est le sixième enfant d’Anna Schirren et de Joseph Schirren, ferblantier et chaudronnier, tous deux juifs russes nés à Riga. Ferdinand est encore enfant lorsque la famille déménage aux environs de Bruxelles à Anderlecht. C’est à sa demande vers 1884-1885 qu’il est envoyé à l’École de dessin d’Anderlecht. A 15 ans, il s’inscrit aux cours du jour de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles où il suit notamment les leçons de dessin de Joseph Stallaert. Jean-Baptiste De Keyser lui enseigne également quelques notions d’esthétique et lui apprend à sculpter. Schirren complète ensuite sa formation dans l’atelier de Jef Lambeaux. Pendant ses années d’études, le jeune Schirren s’oriente vers une synthèse du volume réaliste. Dès 1896, il débute comme artiste indépendant et entame une carrière riche en expériences et en inspiration. Avec Louis Thévenet et Willem Paerels, il fonde en 1898 le cercle Le Labeur où il expose chaque année jusqu’au démantèlement du groupe en 1907. Les portraits et figures que Ferdinand Schirren réalise au début du siècle se caractérisent par un pointillisme de la glaise et par une synthèse de la forme en utilisant des plans lisses et simplifiés. Possédant une technique personnelle puissante, le jeune sculpteur se libère progressivement des préceptes académiques et de l’idéal esthétique des symbolistes caractéristique de l’époque ; il suit ses impressions personnelles.
La période 1900-1903 est une période assez sombre pour l’artiste. Il travaille sans relâche et expose peu. Dans un moment de désespoir il détruit une partie de ses sculptures et abandonne peu à peu le ciseau pour le pinceau. Il dessine beaucoup jusqu’au moment où il s’installe dans la campagne brabançonne. C’est là qu’il découvre, avec sa femme Maria Smeets, la vie rustique. La nouvelle vitalité qui l’anime se manifeste dans ses œuvres. Celles-ci montrent clairement qu’il ne se sent pas tenu par une représentation détaillée et minutieuse de la lumière propre au luminisme dominant à cette époque. Ses travaux de jeunesse annoncent également son futur passage au fauvisme. Au cours de nombreux séjours à Paris où il découvre les fauves, Schirren se rend compte des innovations introduites par ces jeunes artistes qui sont fascinés par la couleur en tant que moyen d’expression par excellence. La lumière et la forme sont placées au second plan. L’évolution de Schirren se révèle plus rapide dans ses aquarelles que dans ses peintures. Il se sert de la couleur comme s’il s’agissait d’un élément intervenant directement dans la composition. Il s’attache à construire les couleurs, à les modeler afin de leur donner une structure architecturale grâce à laquelle il représente un monde empreint d’une grande intériorité. A partir de cette époque, il prend part à plusieurs expositions de groupe à Bruxelles. En 1910, il participe à Gand, à Liège et à Anvers aux expositions triennales et à celle de L’Art Contemporain, de La Libre Esthétique, des Indépendants et du Sillon. En 1912, il organise une exposition individuelle au Koninklijk Verbond van Kunst, Letteren en Wetenschappen à Anvers où il présente la plupart de ses Blancs et Noirs, des œuvres impressionnistes et quelques sculptures. La même année, Rik Wouters expose ses œuvres à l’occasion de l’ouverture de la Galerie Georges Giroux à Bruxelles ; Schirren y est aussi représenté par quelques dessins. Entre-temps, ce dernier déménage à Bruxelles au 31 de la rue du Taciturne.
Pendant la première guerre mondiale tout semble s’arrêter. Ferdinand Shirren, Charles Dehoy, Jean Brusselmans, Jos Albert sont privés de leurs anciens contacts et s’isolent de plus en plus, sauf pour se retrouver aux réunions du cercle L’Effort. Chacun d’eux entreprend individuellement un cheminement vers la maturité. Durant cette période, Schirren se différencie définitivement de ses compagnons bruxellois par l’audace et la qualité de son œuvre fauve. En 1914, il se rend une nouvelle fois à Paris, où il fait la connaissance d’Auguste Renoir. Il y réalise une série d’aquarelles qui peuvent être comparées avec les œuvres des artistes français au niveau du rendu des formes, de la liberté de la facture et de la clarté de la couleur. Les années 1906-1916 se caractérisent par une prédilection pour l’aquarelle, le lavis et le fusain, plutôt que pour l’huile. Quant aux sujets, l’artiste préfère les intérieurs peuplés de personnages, les portraits de sa mère et de sa belle-mère ainsi que les nus. L’attention portée à l’aspect décoratif est même plus grande que celle portée à la fidélité de leur représentation. Le décor dans lequel il situe ses personnages a autant d’importance que la représentation de ceux-ci. La présentation réaliste du sujet disparait presque entièrement pour faire place à une interprétation subjective et décorative. Compte tenu de cette caractéristique propre au fauvisme et de l’intensité avec laquelle Schirren la vit, il peut être considéré comme la plus authentique représentant du fauvisme brabançon.
Le caractère inquiet, typiquement juif de Ferdinand Schirren, diffère totalement de la créativité obstinée de Wouters. Il est naturellement enclin à la méditation et à la spéculation et il s'adonne à la recherche et à l'expérimentation. Ses crises de conscience l'amènent à détruire ce qu'il réalise, le comportement qui conditionne son travail créatif et qui caractérise sa nature contemplative. Schirren est fier de ses origines juives, leur attribuant pour une grande partie sa sensibilité. Ce n'est pas le choix des sujets mais sa sensibilité particulière pour les couleurs qui rappelle la richesse des coloris orientaux. Le Midi, où il fait de très fréquents séjours, lui offre une réalité correspondant à ses rêves. L'impressionnante série de toiles, qu'il rassemble pour sa grande exposition de 1917 chez Giroux, amène les critiques d'art à reconnaître Schirren comme un chef de file. Ces œuvres témoignent d'un esprit constructiviste ; les dernières sont élaborées à partir de ce type de composition bien conçue, basée sur les contrastes d'ombre et de lumière. Dans ces créations artistiques, Schirren prend très nettement ses distances par rapport au lyrisme sensuel qui lui est propre. Il est probable que l'œuvre des Nabis, exposée chez Giroux et à La Libre Esthétique, est à l'origine de ce changement de style. En 1919, Schirren devient membre du nouveau groupe de peintres, le Cercle des XV. Il continue à donner la préférence aux couleurs claires et pures mais il se distancie en même temps de l'expressionnisme.
En 1920, Schirren quitte sa femme et abandonne son domicile pour vivre avec Yvonne Esser (1900-1973) : son élève et son modèle préféré, elle sera sa compagne inséparable et la mère de ses deux enfants : Fernand et Anne-Marie. Il part avec elle à Nice et s'établit ensuite à Nogent-sur-Marne. Au cours de ce voyage à travers la France, son âme d'artiste est conquise par le ciel bleu de la Côte d'Azur et investie par l'intimité de son jeune ménage : « Il y a de quoi ici, le pays est merveilleux et je me sens tellement en harmonie avec cette lumière. J'ai déjà fait quatre toiles dont deux de grandeur moyenne, mère et enfant et intérieur avec mère et enfant. Je crois que ces toiles sont belles, de la qualité de mes meilleures ». Paris, Montmartre et le Quartier latin l'attirant, il réside quelque temps au numéro 29 de la Place Dauphine. Des problèmes financiers surgissent et, devant une détresse extrême, Schirren demande une aide matérielle à son ami Creten-George. Il travaille comme décorateur, passant le reste de son temps dans l'atelier de l'artiste Maertens. Peu de temps après, Yvonne Esser retourne à Bruxelles. A partir de 1927, l’artiste met au point une nouvelle technique à l’aquarelle. En trempant le papier un long moment dans l’eau, il lui donne un pouvoir absorbant. Cela propage les pigments de couleur sur la feuille et procure un effet doux et ouaté à sa composition. Vers 1930, Ferdinand Schirren atteint, grâce à l'application qu'il porte à son style et à sa volonté de connaître un rayonnement confirmé, un art plus sobre et plus dépouillé, plus équilibré et d'une émotion plus intense. Plusieurs expositions se succèdent. Au début de l'année 1940, l'artiste déménage une fois de plus pour s'établir à Berchem-Sainte-Agathe. Ferdinand Schirren s’éteint le 19 février 1944 des suites d'un infarctus. Il est alors âgé de 71 ans.
 
Références bibliographiques
Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, Commission de la Biographie nationale, 1997. Nouvelle Biographie Nationale – Volume 4. Bruxelles : Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique
Goyens de Heusch, S. Ferdinand Schirren », in De Wilde, É., 1995. Le dictionnaire des peintres belges du XIVe siècle à nos jours depuis les premiers maîtres des anciens Pays-Bas méridionaux et de la Principauté de Liège jusqu'aux artistes contemporains, t. 2. Bruxelles : La Renaissance du Livre.