Marcel Caron
(Enghien-les-Bains (France) 1890 - Seraing 1961)

Scène familiale
Fusain sur papier
Signature et date en bas à droite: marcel Caron - 25
1925
645 x 490 mm
Œuvres
Biographie
Peintre, dessinateur, graveur, décorateur, graphiste et sculpteur, Marcel Caron est né le 13 mai 1890 à Enghien-les-Bains en France de parents liégeois. Son père, Alphonse Caron, travaille comme dessinateur à la manufacture des Gobelins. En 1901, la famille rentre à Liège. Marcel Caron débute sa carrière sous les auspices de son père, lui-même artiste, qui l’initie aux techniques impressionnistes. Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Liège, de 1905 à 1910, il reçoit les enseignements d’Adrien De Witte (dessin), Évariste Carpentier (peinture) et François Maréchal (gravure). Il s'initie aussi au travail du bois chez le sculpteur Colette et à la décoration chez l'ensemblier Auguste Lemaire. Dès 1906, Marcel Caron débute sa carrière comme architecte d’intérieur. En 1914, il participe à sa première exposition en compagnie de son père. C’est par lui, qu’il rencontre le doux Auguste Donnay et l'âpre paysagiste Richard Heintz. Marcel Caron peint alors des paysages, des natures mortes et des vues de villes animées dans une veine impressionniste et luministe. Il tend ensuite vers une géométrisation des formes, suite à une rencontre déterminante : celle du peintre cubiste Henri Le Fauconnier. Après avoir été proche de l'École de Barbizon, il découvre l'expressionnisme flamand et s’inspire des grands maîtres tels que Gustave De Smet, Constant Permeke ou encore Frits van den Berghe, rencontrés à la galerie Sélection. De 1923 à 1929, Marcel Caron est le seul Liégeois, avec Auguste Mambour, à fréquenter le second groupe de Laethem-Saint-Martin. En 1926, il est membre fondateur du groupe L'Escalier avec Auguste Mambour et Edgar Scauflaire. S'il ne se prive pas de construire, il ne se refuse ni les raffinements de la couleur, ni le mouvement. Marcel Caron oscille entre ses admirations et son profond instinct, ses affinités wallonnes et des influences flamandes. Gille Anthelme notait dans Sélection de juin 1927 : « ce qui était avant bataille est devenu quelque chose de spontané. Le conflit apaisé, les éléments intégrés s'ordonnent maintenant avec fraîcheur et calme et laissent à l'improvisation le champ libre. La couleur à son tour se déploie et atteint à des raffinements que la peinture wallonne n'eut jamais. » Désormais, Marcel Caron va construire une œuvre solide, chaleureuse, en regardant autour de lui. Il peint les scènes de la vie quotidienne : Maternité, Son Enfant, Les Fiancés, au Musée d'Art Wallon, L'Escarpolette, Le Jeune Garçon, au Musée de Verviers, Le Batelier, Les Bûcherons, La Bouture, L'Homme à la Faux, Les Plaisirs des Jours, … Il construit des personnages appliqués à leur tâche avec des gestes familiers et réduits à leur essence même. Les personnages de Caron ne sont pas des bêtes de somme. Ils travaillent, ils aiment, ils éprouvent des sentiments. Son trait s'adapte au sujet et se déploie avec raffinement. Il établit une symbiose entre le rugueux sculpteur qu'il va devenir et l'élégant coloriste marqué, à la fois, par sa part de « génie latin » et son apprentissage de décorateur.
Après une période de grande fécondité, l’artiste cesse presque totalement ses activités et ouvre, au début des années trente, sa propre maison de décoration intérieure. Durant cette période, qui dure près de quinze ans, Marcel Caron abandonne la peinture pour se consacrer à la sculpture sur bois et sur pierre. Il travaille en taille directe pour garder à la matière sa beauté naturelle, quitte à déformer les corps. C’est la fin de sa période expressionniste. Il représente alors principalement des têtes et des nus féminins. Un sens inné de la mesure et de l’équilibre semble constamment gouverner sa libre interprétation des formes naturelles. En 1938, Caron devient professeur à l’Académie de Liège. Ce n’est qu’au sortir de la seconde guerre mondiale qu’il reprend définitivement les pinceaux pour ne plus jamais les délaisser. En pleine recherche, il s’adonne d’abord à la nature morte et au paysage. Au fil du temps, il glisse vers l’abstraction et exploite ce genre jusqu’à la fin de sa carrière. Son style évolue de l’impressionnisme à l’expressionnisme, en intégrant les apports du cubisme, pour parvenir in fine à l’abstraction. En 1948, il fonde la sélection liégeoise des Beaux-Arts de l’APIAW : Association pour le Progrès Intellectuel et Artistique de la Wallonie. Il devient président de l’association de 1958 à 1961. Le 6 août 1961, Marcel Caron s’éteint à Seraing. Il est alors âgé de 71 ans.
Références bibliographiques
Dumont, F. & et Zeebroek-Hollemans, J., 1995. Marcel Caron in : De Wilde, E. (préface), Le dictionnaire des peintres belges du XIVe siècle à nos jours depuis les premiers maîtres des anciens Pays-Bas méridionaux et de la Principauté de Liège jusqu'aux artistes contemporains, t. 1. Bruxelles : La Renaissance du Livre.
Piron, P., 2003. Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècle, t. 1. Ohain : Art in Belgium.
Canonne, X., Deville, F. et al., 1993. Expressionnisme wallon. Alleur-Liège : Éditions du Perron.