- Promenade en forêt
Promenade en forêt
Huile sur toile
Signature en bas à gauche : Alph. Asselbergs
1880
67,5 x 54 cm

Alphonse ASSELBERGS

(Bruxelles 1839 - Bruxelles 1916)
  - Promenade en forêt
Promenade en forêt
Huile sur toile
Signature en bas à gauche : Alph. Asselbergs
1880
67,5 x 54 cm

Biographie

Alphonse Asselbergs est un artiste peintre paysagiste né à Bruxelles le 19 juin 1839. Il est le fils d'Adrienne Lequime et de Henri Asselbergs, commerçants fortunés. Son père Henri possède une papeterie dans le bas de Bruxelles. Après ses études à l'Athénée de Bruxelles, Alphonse Asselbergs a sa place réservée dans les affaires paternelles. A vingt ans, ses études terminées, il commence à travailler dans l'entreprise familiale. Une vie opulente lui est promise. Jusqu'à l'âge de vingt-quatre ans, il fait partie de la jeunesse dorée. C'est en 1861 qu’il peint ses deux premières études à l'huile, d'après nature, en Campine. Et c'est seulement en 1863 qu'après de longues hésitations, il suit la vocation de peintre à laquelle il résistait depuis l’enfance. Il décide d'abandonner l'usine et les avantages qu'il y trouve pour se consacrer entièrement à la peinture. Il modifie radicalement sa façon de vivre, n'accepte plus qu'une modeste pension de sa famille. Il sacrifie rigoureusement les plaisirs qu'il aime. Il sait que, pour se donner à l'art, il faut être prêt à renoncer à la fortune. Il devient l'élève d'Édouard Huberti, un artiste qui a donné, lui aussi, les plus beaux exemples de renoncement à la vie facile. De toute évidence, l'enthousiasme, qu'il aime à transmettre autour de lui, incite Asselbergs à embrasser la carrière d'artiste. Celui-ci se rend à plusieurs reprises à Moulin-Warnant, près d'Yvoir, en compagnie d'Huberti afin d'y peindre en plein air. C'est là qu'ils font la connaissance de Théodore T'Scharner, qui oscille encore entre la tradition et une esthétique plus moderniste. Au cours de l'été 1866, le maître et l'élève se rendent également à Anseremme.
Le 6 septembre 1867, après avoir peint à Blankenberge, La Hulpe, Duffel et Francorchamps, Alphonse Asselbergs fait un choix décisif. S'étant acheté suffisamment de toiles et tout le matériel dont il a besoin pour peindre, il se met en route pour Tervuren : véritable pôle d'attraction pour les artistes paysagistes, synonyme d'un renouveau en peinture, à l'instar de Barbizon en France. Ce jeune homme qui aimait l'élégance, fréquentait assidûment les bals, les concerts ou les champs de courses hippiques, renonce tout à coup à sa vie mondaine et s'installe à l'auberge Au Renard où il loue une petite chambre. Il se lie aussitôt d'amitié avec un traîne-misère : Hippolyte Boulenger. Sans le sou, Boulenger est animé par la passion des véritables novateurs et parvient de sa voix métallique à communiquer sa fougue aux autres. Asselbergs ne renonce toutefois pas entièrement à son ancien mode de vie ; de temps en temps, il ne peut résister à l'envie d'assister à un concert ou il lui arrive de préférer les mets raffinés d'un restaurant chic de Bruxelles à la cuisine campagnarde. A Tervuren, il peint les paysages variés du village et de ses environs en compagnie de Boulenger, Coosemans et les autres. D'après le titre des œuvres de cette période, les endroits de prédilection devraient être le Parc et le « Nettenberg ». A Tervuren, il fait surtout son apprentissage. Ceci ne l'empêche pas de jouir d'emblée d'un certain crédit auprès de la critique lors des différents Salons auxquels il expose régulièrement ses œuvres : Les vieux étangs, parc de Tervuren, Un matin, à Tervuren, Le chemin de Stockel, à Tervuren, Avant la grêle (Tervuren), Sous-bois à Tervuren, Neige fondante (Tervuren), Après la coupe (Tervuren), etc. Ces quelques années passées à Tervuren sont déterminantes pour la carrière d'Alphonse Asselbergs. Dès son arrivée en 1867, il s'engage dans la lutte que mènent ses collègues pour être enfin reconnus. Il est fort probable qu'il se soit très vite identifié au groupe de la Société Libre des Beaux-Arts. Lors de la première exposition de ces peintres contestataires, organisée en décembre 1868 dans la Galerie du Roi à Bruxelles, il présente d'ailleurs un tableau intitulé Effet de neige.
Asselbergs n’est pas seulement un artiste consciencieux, il est aussi passionné. En octobre 1871, il quitte Tervuren et au cours d'un bref séjour chez T'Scharner à Eisden, il découvre la Campine limbourgeoise. Il tombe sous le charme de Kinrooi, où il réalise des tableaux d’exception. Au cours du mois de septembre 1873, Asselbergs décide avec Arthur Bouvier, de faire un voyage en Algérie. Il y séjourne un an et demi et y réalise un de ses plus beaux tableaux : Kasbah. Après l'épisode algérien, le peintre cherche à nouveau sa voie et cela le conduit à Genk, où il passe la plus grande partie de l'hiver. En proie à l'incertitude, il éprouve le besoin d'aller se ressourcer à l'endroit de la peinture de plein air par excellence : Barbizon. Il souhaite étudier sur place les œuvres de Rousseau et de bien d'autres qu'il admire tant. Il travaille avec acharnement pendant un an et demi dans la Forêt de Fontainebleau et ses environs, d'abord tout un temps en compagnie de Joseph Coosemans, puis avec Théodore Baron. Dans son carnet de croquis puis sur la toile, il dénombre avec rigueur tous les endroits pittoresques de la forêt : La Mare aux Fées, Bas-Bréau, les Gorges d'Apremont, le Plateau de Belle-Croix. Asselbergs tombe aussi sous le charme du petit village de Marlotte, surtout lorsqu'il est enneigé.
En mai 1877, il répond à nouveau à l'appel des paysages brabançons, limbourgeois et ardennais. « Plus je vois la forêt de Fontainebleau avec toutes ses splendeurs, plus je sens que Kinroy, avec ses terrains, ses arbres, ses mares et ses joncs, est beau à peindre. Je dois y retourner... » Asselbergs envoie un grand nombre d'œuvres réalisées en France à différents Salons qui lui valent un franc succès. Il est considéré, à l'époque, comme un luministe de haut niveau. La même année, l'État belge achète son tableau Jour de Mars à la Mare aux Fées au Salon de Gand en 1877. Après cette année, Asselbergs n'entreprend plus aucun voyage d'études à proprement parlé. Parfois il ramène un tableau d'envergure de ses voyages. Il passe essentiellement la fin de sa vie artistique dans des espaces qui lui sont familiers à Uccle où il vit, à Kinrooi ou Genk qu'il affectionne tant, à Houffalize et à d'autres endroits des Ardennes, dont il sait peindre, avec intensité, les paysages accidentés et somptueux. De temps à autre, il se rend à la côte belge, plus particulièrement à Coxyde. Il continue à peindre dans le courant des années 1880 et 1890. L'État belge lui manifeste d'ailleurs sa gratitude en le faisant, en 1880, chevalier, puis, en 1896, Officier de l'Ordre de Léopold. Jusqu'à la fin de sa vie, il consigne avec précision l'ensemble de ses dépenses comme de ses productions. Il aurait réalisé quelque 250 toiles. Ce nombre n'inclut pas les études peintes à l'huile, les aquarelles ou les dessins. Ses journaux personnels montrent également que la vente de ses tableaux lui rapporte près de 60.000 francs en 48 ans de carrière. Il possédait heureusement une fortune personnelle. Par testament, il fait don de 100.000 francs à l'Université Libre de Bruxelles et lègue sa maison à la commune d'Uccle en faisant le vœu qu'elle soit transformée en foyer d'accueil pour enfants. Lorsqu'il atteint l'âge de soixante ans, il se confine de plus en plus dans la solitude dans sa maison à Uccle, dans son jardin que quelques vieux arbres protègent du soleil ou dans l'atelier en forme de tour ronde au fond du jardin. D'après le témoignage de Gustave Vanzype, sa maison était exclusivement décorée de tableaux de ses compagnons d'armes : un pastel de Lauters, un grand tableau de Fourmois, des œuvres de Huberti, Boulenger, Coosemans, Raeymaekers, Crépin, Van Camp, Dubois, des fleurs de Louise Héger, etc.
Après l'exposition d'une de ses œuvres aux alentours de 1900, il lit dans un des comptes-rendus : « M. Asselbergs dégringole ». Lui, qui avait préféré la vie hasardeuse d'artiste à temps plein à une existence confortable d’industriel, constate tristement la précarité de la renommée artistique. Vers la fin de sa vie, Asselbergs vit dans l'ombre des tendances et modes artistiques qui prolifèrent, alors que lui-même reste fidèle à son réalisme lumineux. Tout au long de sa carrière, il reste discret et inquiet ; il cherche avec hésitation, parmi les tendances nouvelles. Il réalise des œuvres puissantes, d'inspiration très variée, d'exécution très loyale. Dans ses plus beaux tableaux, Asselbergs se montre être un précurseur talentueux de l'impressionnisme. Certains paysages enneigés baignent dans une lumière insolite, observée dans ses moindres nuances et reproduite avec beaucoup de sensibilité.
Le 10 avril 1916, Alphonse Asselbergs s’éteint à Uccle dans sa propriété. 
 
Références bibliographiques
De Vilder, H., & Wynants, M., 2000. L’École de Tervueren. De Vrienden van de School van Tervuren.