- Femme à l’éventail
Femme à l’éventail
Huile sur toile
Signature et date en haut à droite : T.Hannon – 78
1878
38,5 x 28,5 cm

Théodore Hannon

(Bruxelles 1851 - 1916)
  - Femme à l’éventail
Femme à l’éventail
Huile sur toile
Signature et date en haut à droite : T.Hannon – 78
1878
38,5 x 28,5 cm

Biographie

Peintre et poète belge, Théodore Hannon nait le 1er octobre 1851à Ixelles. Son père, Joseph-Désiré Hannon, est docteur en sciences naturelles et docteur en médecine de l’Université de Liège. Il se distingue dans les domaines de la botanique et de la zoologie. Professeur à l’Université libre de Bruxelles dès 1849, il y exerce la fonction rectorale en 1864 et en 1865. L’aînée Marie, dite Mariette, devenue en 1871 l’épouse du docteur Ernest Rousseau, s’oriente vers la mycologie. Édouard, le benjamin, ingénieur civil, a un parcours double : dynamique agent de la société Solvay, il est aussi un pionnier de la photographie artistique. Quant à Théodore, le cadet, ayant terminé en 1870 ses humanités au collège de Nivelles, il opte pour la médecine et s’inscrit à l’Université libre de Bruxelles. Mais il ne va pas plus loin que les candidatures, convaincu que les arts répondent à sa réelle vocation. Maniant le pinceau avec un don prometteur, il se choisit pour maître Camille Van Camp, membre fondateur de la Société libre des Beaux-Arts, qui, depuis 1868, rallie les artistes novateurs, résolument naturistes, individualistes et coloristes. Lorsque la Société libre se désagrège, Hannon participe en 1875 à la fondation d’un groupe également anticonformiste, La Chrysalide, avec Louis Artan, Alfred Verwée, Constantin Meunier, Félicien Rops, Périclès Pantazis et quelques autres peintres épris de liberté. Il semble que, à ce moment-là, il est depuis quelque temps déjà en contact avec Rops et affilié à la Société internationale des Aquafortistes. Le génial Fély l’initie à l’eau-forte. Il lui porte une amitié franche et active dont témoignent les 175 lettres et cartes qu’il lui adresse entre 1875 et 1887.
Théodore Hannon, parallèlement à la peinture et à la gravure, s’adonne à la poésie. En 1874, sous le pseudonyme de Rouge, jaune, noir — le premier des nombreux faux noms derrière lesquels il se camoufle au cours de sa carrière —, il livre quelques vers au Journal des Étudiants, mis en route le 22 octobre et imprégné des idées de l’Université libre de Bruxelles. En 1875, pressenti par Victor Reding, il s’associe au lancement d’un hebdomadaire « de tendances jeunes », L’Artiste, dont le premier numéro parait le 28 novembre. Quelques mois plus tard, en août 1876, il publie Les vingt-quatre coups de sonnet, recueil édité par Félix Callewaert, l’imprimeur de L’Artiste. La littérature va prendre une place de plus en plus importante dans ses activités et dans ses préoccupations. En août 1876, l’écrivain français débarque à Bruxelles pour surveiller l’édition de Marthe, histoire d’une fille, qu’il n’ose publier en France, par crainte des poursuites judiciaires qui menacent les auteurs. C’est à l’imprimeur Félix Callewaert qu’il confie le manuscrit. Le roman, sorti des presses du Bruxellois le 12 septembre, parait donc peu après Les vingt-quatre coups de sonnet. En janvier 1877, Hannon remplace Victor Reding dans la fonction de rédacteur en chef de L’Artiste. Sous sa direction, la revue adhère au Naturalisme, considéré comme l’expression de la Modernité. Le naturalisme, fondé sur le principe de la reproduction exacte et intégrale de la réalité matérielle, est essentiellement incompatible avec la poésie. C’est ce que Zola laisse entendre dans Le Roman expérimental : « J’assigne simplement à la poésie un rôle d’orchestre : les poètes peuvent continuer à nous faire de la musique, pendant que nous travaillerons. » Théodore Hannon tente de trouver un compromis entre le naturalisme et la musique poétique. L’accommodement auquel il procède pour rendre possible une poésie naturaliste, lui vaut de figurer parmi les rares poètes d’obédience naturaliste. En proie à d’insolubles problèmes de trésorerie, il est contraint en décembre 1878 de céder L’Artiste à l’équipe rédactionnelle du périodique Le Samedi qui conserve le titre L’Artiste, mais s’oppose à ce que la revue reste ce qu’elle a été pendant deux années : le foyer belge du naturalisme français et le lieu d’accueil de deux autres manifestations de la « modernité », le drame wagnérien et la peinture impressionniste.
Les premiers essais poétiques de Théodore Hannon, et notamment en 1881 les Rimes de joie, portent sur lui l'attention et l'admiration du monde littéraire. Camille Lemonnier, dressant en 1906 l’inventaire de l’école belge de peinture, tenait à mentionner « les vives notations de Théodore Hannon qui parfois sut mettre dans l’éclat et l’esprit de sa peinture quelque chose du scintillant génie de ses Rimes de joie ». Joris-Karl Huysmans, surtout, voyant en lui un disciple de Charles Baudelaire, fait de lui un portrait élogieux dans À rebours. Toutefois, un billet de Huysmans à Hannon daté du 9 juin 1886 est le dernier signe d’un contact entre les deux hommes. Ils s’éloignèrent l’un de l’autre, Hannon agacé par la religiosité croissante de Huysmans et celui-ci choqué par la complaisance de Hannon à l’égard de penchants naturels qui, selon lui, gâchent son talent : la gauloiserie, la bouffonnerie. Cette double inclination et une aptitude exceptionnelle à versifier sur n’importe quel sujet, va petit à petit le perdre. Il se grise du succès facile et éphémère des revues, des ballets, des pantomimes, des pièces d’ombres. En leur for intérieur, les comiques sont souvent moins gais qu’on ne l’imagine. Georges Eekhoud se demande si Hannon ne cache pas sous les dehors d’un joyeux drille les désarrois d’un être vulnérable. Hannon lui fait alors un aveu bouleversant : « Tu n’as pas comme moi ces jours de spleen et de navrement sans fin que je n’ose laisser paraître et qui me rongent en sourdine... Mais je réagis et ne veux affliger personne. De là cette grosse gaîté que tu aimes en moi et qui me fait m’étourdir devant le monde égoïste que nos ennuis n ’intéressent aucunement. » Tout au long de sa vie, Théodore Hannon ne cesse jamais d’œuvrer comme peintre, aquarelliste et graveur.
Le 7 avril 1916, Théo Hannon s’éteint à Etterbeek. Il est alors âgé de 64 ans. Lors de la mise en vente de sa collection d’œuvres d’art à Bruxelles, les 26 et 27 décembre 1916, le catalogue comptait, entre autres richesses, deux toiles et une dizaine de dessins de James Ensor et une cinquantaine de pièces de Félicien Rops.
 
Références bibliographiques
Paul Delsemme, Théodore Hannon, poète moderniste [en ligne], Bruxelles, Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, 2008. Disponible sur : http://www.arllfb.be/ebibliotheque/communications/delsemme041100.pdf