« Si je suis devenu sculpteur après avoir été peintre c’est parce que j’ai toujours été attiré par l’espace et, qu’à un certain moment, je me suis senti limité par les collages et les reliefs. De là également ma prédilection pour le fer qui, plus que tout autre matériau, permet d’aller dans l’espace comme on veut, en liant les formes entre elles avec presque rien et de réaliser des sculptures spatiales dans lesquelles le vide compte autant que le plein : une sorte de dessin dans l’espace. Mais entendons-nous bien, par espace il s’agit de verticalité et non d’horizontalité. Pour moi l’horizontalité n’est pas l’espace mais la mort alors que la verticalité c’est la vie. Les mains ne sont que des outils ? Ce qui compte avant tout dans toute œuvre c’est le cœur, c’est l’esprit. »

Peintre, dessinateur et sculpteur belge, Ferdinand Vonck, est né le 17 août 1921 à Blankenberge. Dès son plus jeune âge, il témoigne de talents artistiques évidents. A la fin des années 1930, il suit des cours du soir en dessin pendant quelques années à l’Académie de Bruges. A l’aube de la Deuxième Guerre mondiale, il est obligé d’arrêter ses études. Durant cette période, l’artiste échappe au service civil et s’isole dans sa ville natale. Hors du temps de guerre et loin du bruit, la solitude le pousse à peindre et dessiner sans cesse. Car, toujours selon l’historien d’art Jaak Fontier, Vonck acquiert la technique et le métier en autodidacte grâce à ses propres efforts. Ses premières œuvres, figuratives, évoquent son environnement direct dans un style post-expressionniste : la nature, la mer, la plage, les dunes. A partir de 1952, il se consacre davantage à la sculpture. Ce tournant marque définitivement son penchant pour l’abstraction. La même année, il devient membre du groupe artistique Art Abstrait. Dès les années 1950, il expose à plusieurs reprises en Belgique et à l’étranger. D’après son ami Robert Boterberge (également président du Kring voor Heemkunde Dr. Van Damme), l’œuvre de Vonck ne témoigne pas seulement d’un niveau artistique extraordinaire, elle incarne également une diversité incroyable et un renouveau constant.

« Parmi nos sculpteurs d’avant-garde, Vonck est, assurément, l’un des plus doués […] La ferveur d’une forme élancée et le juste équilibre d’une construction en fer qui témoigne de l’exercice pur sont les traits dominants de cet art sur le berceau duquel on se penche avec une curiosité qui fait, peu à peu, place au plaisir de participer à l’action »

Durant la période d’après-guerre, Vonck est l’un des seuls artistes en Flandre Occidentale à croire aux possibilités du non-figuratif et à l’explorer pleinement. Ses sculptures ont d’abord l’apparence de reliefs en bois polychrome. Elles évoluent ensuite vers des formes spatiales pures en métal et en bronze. Ses constructions spatiales verticales sont rythmées et élégantes. En 1957, Ferdinand Vonck adhère au groupe Formes et trois ans plus tard, il est l’un des cofondateurs du groupe L’Art Construit, un mouvement artistique qui promeut le constructivisme et l’intégration de l’art dans l’architecture. En 1953, ses sculptures sont récompensées par la province de Flandre Occidentale. L’artiste reçoit plusieurs autres distinctions, dont celle de la Jeune Peinture belge en 1956 et celle de la Jonge Belgische Beeldhouw kunst en 1957. En 1958, il est l’un des artistes belges sélectionnés pour l’Exposition Universelle ; il est exposé extra-muros à la galerie Les Contemporains à Bruxelles.

Aujourd’hui, deux de ses œuvres monumentales de près de deux mètres de haut accueillent les visiteurs à la Maison communale de Blankenberge. Ces reliefs illustrent parfaitement l’esprit du groupe L’Art Construit, ils intègrent l’art dans l’architecture.

Le 5 janvier 2010, l’artiste s’éteint à l’âge de 88 ans à Bruges. Il laisse derrière lui une œuvre vaste et variée. 

 

Piron, P., 2003. Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècle. Ohain : Art in Belgium.