- Étude aux trois visages, en bas à gauche : Aurélie (sa tante)
Étude aux trois visages, en bas à gauche : Aurélie (sa tante)
Aquarelle et crayon sur papier
Cachet de la collection de la Demi-Lune au verso : Coll. Rops
1895
492 x 315 mm

Claire Rops-Demolder

(Paris 1871 - Corbeil-Essonnes 1944)
  - Étude aux trois visages, en bas à gauche : Aurélie (sa tante)
Étude aux trois visages, en bas à gauche : Aurélie (sa tante)
Aquarelle et crayon sur papier
Cachet de la collection de la Demi-Lune au verso : Coll. Rops
1895
492 x 315 mm

Œuvres

Claire Rops-Demolder  - Nature morte à la théière
Claire Rops-Demolder  - Portrait d’Aurélie Duluc
Claire Rops-Demolder  - Claire Rops et Eugène Demolder
Claire Rops-Demolder  - Pêches sur une branche
Claire Rops-Demolder  - Études de pieds et de mains

Biographie

Claire Duluc, Claire Rops, Claire Demolder... Cette variété de patronymes, auxquels viennent s’ajouter des pseudonymes, résume à elle seule la situation complexe des femmes artistes au 19e siècle. Fille d’artiste, elle développe des compétences artistiques certaines. Comme tant d’autres artistes méconnues, ses filiations filiale et conjugale guident son activité artistique. Claire Duluc, née le 19 mars 1871, est la fille de l’artiste Félicien Rops et de Léontine Duluc. Sa mère tient, avec sa sœur Aurélie Duluc, un atelier de couture réputé dans la capitale française. La relation qui unit Léontine à Rops est également partagée par sa sœur et ensemble, les sœurs Duluc et Rops, forment l’environnement familial de Claire Duluc. Claire est la seule à grandir aux côtés de son père, qui lui porte une affection profonde :
« Comme je l’écrivais à Verhaeren, je suis peut-être un mari douteux, mais je me sens le meilleur des pères. Mon fils [Paul], c’est l’enfant des époques opulentes de ma vie, ma fille [Claire], celui des jours pénibles, l’enfant pour lequel j’ai abaissé ma morgue de bourgeois ex-riche pour « vendre ». Et puis, c’est la fille de mon corps & de mon esprit, et je l’en aime doublement. »
Pour sa fille, Rops veut la meilleure éducation, il l’envoie en Angleterre, en pension à Douvres. Dès son plus jeune âge, elle accède à une formation artistique solide grâce aux connaissances de son père. Elle côtoie ainsi de nombreux artistes, bénéficie de ses relations amicales et professionnelles, développe une sensibilité artistique. Plus encore, elle travaille avec lui, commençant dès ses quinze ans à réaliser des caricatures, s’exerçant au dessin dans des leçons où père et fille se partagent le même modèle vivant, ou encore expérimentant les nouveaux procédés de gravure mis au point par son père et Armand Rassenfosse. Elle bénéficie donc d’un type de formation complètement inédit à l’époque. Pour rappel, les femmes étaient exclues des Académies des beaux-arts pour des raisons d’ordre politique, moral (problème de la nudité lors des classes de dessin d’après modèles vivants) et culturel.
Rops est un père attentif et un mentor exigeant. Il s’implique également dans sa vie de femme, refusant un premier fiancé et lui organisant un mariage avec un cousin éloigné, Eugène Demolder, écrivain et critique d’art à la réputation grandissante. Bien que son activité artistique débute tôt, ce n’est qu’après son mariage avec Demolder le 21 décembre 1895, que Claire Duluc entame une pratique professionnelle en illustrant les livres de ce dernier. Homme de droit et de lettres, Demolder publie des contes et des critiques d’art. Après leur mariage, le trio artistique Rops-Demolder-Duluc se met en marche. Entre 1896 et 1901, sept ouvrages voient le jour : les trois premiers sont illustrés par Rops et Claire Duluc et les quatre suivants sont exclusivement illustrés par cette dernière. De la couverture, à la planche hors texte, en passant par les culs-de-lampe, elle inonde les ouvrages de ses dessins. Pour toutes ces publications, Claire Duluc demeure anonyme : soit elle utilise un pseudonyme (Étienne Morannes, Monsieur Haringus), soit elle n’est pas mentionnée. Une étude poussée des livres révèle en outre une stratégie d’anonymat très déployée pour maintenir le secret de son identité. Les raisons de cette stratégie demeurent encore floues. Voulait-elle rendre sa pratique artistique indépendante de celle de son père et de celle de son mari ? Souhaitait-elle rester en retrait du monde artistique ?
Quoi qu’il en soit, on constate un clivage entre son œuvre personnelle, jamais exposée, et son œuvre publiée, issue des commandes. Les illustrations sont étroitement proches du répertoire satirique de Rops, car ils ont illustré ensemble les premiers ouvrages de la collaboration. Comme en témoigne l’un des dessins, ceux-ci étaient soumis aux corrections de Rops. À l’inverse, son œuvre personnelle et non publiée témoigne de son mode de vie. Vivant dans la sphère privée de sa demeure appelée la Demi-Lune, Claire Duluc y puise toutes ses inspirations. Elle représente Eugène Demolder, Aurélie et Léontine Duluc, le jardinier ou encore elle-même ainsi que les intérieurs de la Demi-Lune.
 
Références bibliographiques
Dossier de presse, communiqué lors de l’exposition Femmes artistes. Les peintresses en Belgique (1880-1914), musée Félicien Rops, Namur, du 22 octobre 2016 au 8 janvier 2017, p. 6. Disponible sur : https://www.museerops.be/documents/fichier/1/68/20170424_150810dos_pres_fr.pdf
Dossier pédagogique, communiqué lors de l’exposition Femmes artistes. Les peintresses en Belgique (1880-1914), musée Félicien Rops, Namur, du 22 octobre 2016 au 8 janvier 2017, pp. 9-10.
Disponible sur : https://www.museerops.be/documents/fichier/1/68/20170713_145843dossierpedagogiquefemmsartistesweb.pdf