Walter Leblanc
(Anvers 1932 - Silly 1986)
Composition abstraite
Encre de Chine sur papier
Signature et date en bas à droite : walter ‘59
1959
500 x 400 mm
Œuvres
Biographie
Par la notion d'Art, j'entends une activité créatrice humaine qui est de la plus haute importance car elle reflète, dans ses différentes disciplines, les préoccupations spirituelles et esthétiques d'un certain nombre d'individus doués dont les œuvres ont un effet tangible sur l'évolution de la pensée, sur les états d'esprit, sur le comportement. […] Walter Leblanc
Walter Leblanc naît le 26 décembre 1932 à Anvers. Il vit entouré d'un père officier de marine, d'une mère enseignante et d'un frère cadet. Jusqu'en 1949, il passe sa scolarité primaire et secondaire à l'athénée de Berchem (Anvers). Par la suite, il s'inscrit, à l'insu de son père qui s’oppose à sa carrière artistique mais avec l'appui de sa mère, à l'Académie des Beaux-Arts d'Anvers. Son père l'oblige à suivre simultanément des études de publicitaire. Walter Leblanc obtient son diplôme en 1951. C'est l'époque des longues promenades le long de l'Escaut, autour des bassins et des entrepôts du port. Il découvre le jazz moderne et le be-bop de Charlie Parker, dont jamais il ne se lassera. Cette musique, criante de liberté, sera à l’image de sa démarche artistique.
De 1949 à 1954, il poursuit ses études à l'académie, chez Antoon Marstboom notamment, dont il apprécie énormément l'enseignement, et chez René De Cooninck pour le cours de gravure. À 17 ans, il effectue un voyage en auto-stop dans le sud de la France avec son frère. L'année suivante, un long voyage en Espagne avec un ami. En 1951, il rencontre Nicole. De 1954 à 1955, il effectue son service militaire entre autres à Lombardsijde et à Bruges où il suit un cours du soir de sculpture à la Koninklijke Academie en 1955. En 1956, Leblanc a réussi l'examen d'entrée au Nationaal Hoger Instituut voor Schone Kunsten à Anvers, où il assiste à un certain nombre de cours avant de se rendre compte que ce n'est pas pour lui. Il trouve l'approche des enseignants trop traditionnelle et inadaptée à son propre intérêt pour l'invention et la découverte. Il travaille ensuite comme publicitaire, en réalisant notamment les étalages de la Pan American Airways, travail qu'il perdra quelques semaines avant son mariage. Walter épouse Nicole Labedz le 28 avril 1956, malgré l'hostilité du père de celle-ci. Les grands magasins de l'Innovation à Bruxelles l'engagent alors comme coloriste pour fabriquer de la peinture en grandes quantités. Il réalise également de grands panneaux publicitaires pour une société immobilière anversoise. Afin d'améliorer son train de vie, il devient représentant d'une marque de peinture, travail peu rentable qu'il abandonnera rapidement. Plus tard, et pendant quelques années, la télévision flamande lui commandera régulièrement les génériques pour ses émissions de variétés. De ces diverses expériences, décevantes parfois, il saura toujours tirer un élément positif, que ce soit sur le plan technique, humain, ou autre.
Cette attitude, qui correspond à un état d'esprit, il l'adoptera aussi dans son œuvre, faisant la synthèse des techniques apprises dans les diverses disciplines, pour les redistribuer selon son choix et les nécessités du travail entrepris. En 1958, année de l'Exposition Universelle pour laquelle on lui commande une brochure et divers travaux de publicité, il devient membre fondateur du groupe G58 Hessenhuis, dont la première exposition s'est tenue au Kasteel Middelheim. Le groupe réunit des jeunes artistes de tendances différentes qui s'insurgent contre le fait qu'aucun jeune belge ne soit présenté à l'exposition « 50 Ans d'Art Moderne » organisée dans le cadre de cette Exposition Universelle.
Dans ses peintures, il remplace la peinture à l'huile par une texture : sable, tissu, nylon, couvercles en étain et bâtons… Ce sont ces matériaux divers, pas la peinture, qui génèrent du contraste. La peinture est utilisée uniquement pour répéter un schéma ou une forme. L'œuvre devient de moins en moins figurative, tout en évoluant vers le monochrome. La couleur perd en fait sa valeur de composant spécifique et est remplacée par la lumière.
1959 est une date très importante pour Leblanc : elle marque l'affirmation de la torsion comme élément pictural principal dans son travail. En 1961, une première exposition individuelle importante est organisée au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Il considère ses « torsions » comme ses premières œuvres uniformes. En 1962, faute de moyens financiers, de solidarité entre les artistes, le groupe G58 cesse ses activités. Dès ce moment, Leblanc fait partie du groupe international « Nouvelle Tendance » et participe aux expositions internationales du groupe Zero. Dans les années qui suivent, Leblanc gagne plusieurs prix : Prix de la Jeune Peinture Belge, Prix Europe de Peinture de la ville d'Ostende, 5e Biennale de Paris, Prix Eugène Baie de Peinture. En 1970, trois mois avant l'ouverture de la 35e Biennale de Venise, Leblanc apprend qu'il est désigné comme l'un des participants belges à cette manifestation. Bien qu'il s'agisse d'un évènement d'une grande importance dans la vie d'un artiste, on ne lui donne guère l'occasion de se préparer. La seule possibilité qui lui reste : faire rentrer ses œuvres en Belgique et sélectionner celles qu'il présentera dans la salle qui lui est réservée au pavillon belge. Suit un été épuisant pour le couple, qui s'installe tant bien que mal dans son nouveau domaine de Silly, toujours en cours d'aménagement, mais prometteur d'années heureuses. Leblanc mène de front la restauration de la maison et une intense créativité artistique.
Après une période figurative, abstraite et monochrome, Leblanc range définitivement la peinture et explore les médias alternatifs dans les reliefs et les constructions spatiales. Cette exploration des médias est finalement synthétisée dans la « torsion ». Cet élément pictural, réalisé à partir de fils de coton, de plastique ou de métal lui permet d'apporter du rythme, de la lumière et de la répétition dans son travail. Il le fait dans une variété de compositions. La dynamique de ces créations les faits entrer dans la mouvance de l'art visuel et cinétique. Avec sa quête de flexibilité au sein de son système rigide auto-imposé, Leblanc part à la recherche de nouvelles possibilités. Il oblige ainsi le spectateur à la réflexion, à l'expérience intuitive et interne. Le spectateur devient partie intégrante de la matière.
En 1977, il est chargé de cours au Hoger Instituut voor Bouwkunst en Stedebouw (NHIBS, institut d'architecture et d'urbanisme) d'Anvers ; il y donne un cours sur la couleur aux futurs architectes et designers. A partir de 1981, Leblanc, qui rêvait d'œuvres monumentales, travaille à la décoration de la station de métro Simonis à Bruxelles.
Le 14 janvier 1986, Walter Leblanc décède dans un accident de voiture alors qu'il se rend au Musée d'Art Moderne de Bruxelles pour finaliser l'éclairage de l'exposition collective « Rapports Plan/Espace - Tussen Vlak en Ruimte ». En été 1986, son épouse inaugure seule la station de métro Simonis, travail qu'elle a terminé, aidée de ses plans et informations ; l'artiste n'aura jamais vu la réalisation de sa plus grande sculpture.
Références bibliographiques
de Patoul, B., Devisscher, H., 2011. Walter Leblanc 1932 – 1986. In : Cahier des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique. Belgique : Éditions Snoeck.
Abstract Modernism, s.d., https://abstractmodernisme.vlaamsekunstcollectie.be, 23 juin 2020.