- Le travail
Le travail
Mine de plomb et crayon de couleurs sur papier
Monogramme en bas à gauche: AD
Circa 1900
255 x 220 mm

Auguste Donnay

(Liège 1862 - Bruxelles 1921)
  - Le travail
Le travail
Mine de plomb et crayon de couleurs sur papier
Monogramme en bas à gauche: AD
Circa 1900
255 x 220 mm

Œuvres

Auguste Donnay - Rêverie
Auguste Donnay - Femme debout drapée

Biographie

Auguste Donnay est un peintre, graveur, illustrateur et dessinateur d’affiches né à Liège en mars 1862. Sa mère, Marie Barbe Joséphine Brasinne, meurt la même année quelques mois plus tard à l’âge de 28 ans. Son père, Lambert Donnay, est un artisan sculpteur et ornemaniste de grand talent. Il se remarie et de ce second mariage naîtront Léon, Joseph et Marie. Chez les Donnay, la lecture et le travail ont une place importante : pendant cinq ans, Auguste sera manœuvre dans la petite entreprise familiale. Une amitié va éclairer cette enfance trop sérieuse, celle d’Armand Rassenfosse. Nés la même année, en 1862, les deux enfants, ont commencé l’école primaire de l’Institut Saint-Paul en 1868. En 1872, ils sont transférés au collège Saint-Servais pour leurs études moyennes. La même année, Auguste obtient une place à l’Académie des Beaux-Arts de Liège. Peu de temps après, le père d’Auguste, veuf une nouvelle fois, s’installe à Bruxelles et inscrit son fils au pensionnat de Waremme. Finie l’Académie le soir. Lambert Donnay veille à l’éducation de son fils par lettres. Ce dernier est alors confié à la grand-mère et à l’oncle maternel Joseph Brasinne.
1879, l’année de ses dix-sept ans, est doublement importante pour la formation d’Auguste Donnay : il fait ses débuts de boiseur marbreur chez Delbecque (peintre et décorateur) et il se réinscrit aux cours du soir à l’Académie de Liège. Une adolescence bien remplie donc, partagée entre l’apprentissage du métier et l’Académie. Pendant ses rares moments de loisirs, Auguste s’essaie à l’aquarelle. La première date de 1880, Neige Fondante, qui présente déjà la sobriété propre à sa pratique artistique : des arbres en boqueteau dressent leur silhouette difforme sur un paysage horizontal de neige. Le papier grené ajoute de la vibration à cette petite œuvre de jeunesse caractérisée déjà par l’impression de solitude froide et triste. Les œuvres qui suivent seront plus « chargées », plus complexes, plus précises, quoique aériennes, fluides et transparentes.
En avril 1887, le jeune liégeois de vingt-cinq ans, jamais sorti de sa ville de province, riche seulement d’un diplôme académique, s’embarque pour Paris. Commence une aventure qui, de son propre aveu, restera « le grand événement de sa vie ». Auguste Donnay découvre le Musée du Louvre, le Musée du Luxembourg, les « modernes », les antiques, les primitifs, etc. Il se prend d’une admiration extrême pour Paris et ses richesses. Donnay découvre tant de merveilles, dont l’enseignement académique et le livres ne lui ont donné qu’une bien modeste approche. Après tant d’enthousiasme, le coup de cafard arrive. Trop de choses, des impressions successives, des tiraillements, du chaos et des doutes : l’inspiration est aux abonnés absents. À son retour à Liège, il rapporte des croquis et des petites peintures. À son grand regret, Auguste Donnay n’est pas devenu artiste à Paris, il est resté artisan. Il a trop vu, trop admiré et devant tant de chemins offerts, il ne sait toujours pas lequel prendre.
 « Et tout envahi d’une grande inquiétude, je ne savais rien, n’étais rien, tâtonnant, impressionné par l’un, impressionné par l’autre, doutant, cherchant une formule, un point d’appui, un moule pour m’y couler. » 
Lettre d’Auguste Donnay à Armand Rassenfosse
Parlant de cette période parisienne de sept mois, il citera toujours en premier lieu le nom du peintre symboliste Pierre Puvis de Chavannes. Quand Auguste Donnay arrive à Paris, Puvis de Chavannes a soixante-trois ans. Il ne le rencontre pas physiquement, mais il comprend l’essentiel de sa démarche artistique : rejet de la peinture de nature, idéalisation et synthèse, c’est-à-dire transmettre l’Idée qui s’habille de symboles et d’allégories, dans un effort permanent de refus de l’anecdote paysagère, avec une volonté de dépouiller, de synthétiser. C’est en cela que les deux artistes se rejoignent. À ce moment-là, le Symbolisme tente de représenter, sous la forme d’images, de sons, d’une action dramatique, une Idée qui met en question la condition de l’homme. Le Symbolisme ne dit pas les choses, les décrit encore moins ; il les évoque, il les déguise ; il s’interdit la description au bénéfice exclusif de la suggestion. Donnay a une prédilection pour les paysages (de la Meuse), mais peint également des œuvres religieuses et des portraits. Ses paysages se caractérisent par une simplification de la forme et baignent dans une atmosphère sereine et intimiste, empreinte d’un certain symbolisme.
Dès son retour de Paris, Auguste Donnay collabore épisodiquement au Fondeur et à Caprice-Revue avec ses amis Berchmanns, Rassefosse et Siville. Il s’intéresse également à l’affiche, aux illustrations, à la lithographie et à la peinture sur chevalet. 1892 est une date charnière : Donnay a trente ans, il vient de rencontrer Félicien Rops qui lui donne de bons conseils (« étudiez, soyez vous-même) et son amitié. Il  travaille beaucoup et accède à sa certitude, après une longue période de doute. En 1894, il est invité à participer au premier Salon de La Libre Esthétique. Il accepte aussi de participer à l’exposition d’Art idéaliste patronnée par le cercle d’études ésotériques Kumris. En 1896, il prend part au troisième salon de La Libre Esthétique à Bruxelles.
Deux ans plus tard, Auguste Donnay abandonne ses états civils d’orphelin et de célibataire : il épouse Louise Leitz originaire de Mannheim. En 1900, il est nommé professeur d'art décoratif à l'Académie des Beaux-Arts de Liège où il inaugure un cours de composition ornementale. En peu d’années, Donnay se fait connaitre dans sa ville et en dehors. Il faisait partie de ce que Liège pouvait appeler son intelligentsia littéraire et artistique. Son rapport sur le sentiment wallon en peinture présenté au Congrès wallon de 1905 en fait le porte-drapeau de la défense de la culture en Wallonie. À la peinture flamande, colorée, primaire sinon primitive, il oppose la peinture wallonne, sensible, intelligente, privilégiant la ligne et le dessin. La même année, il s’installe à Méry-sur-Ourthe. Il y a peint encore un grand nombre de paysages et d’œuvres religieuses dans une atmosphère idéaliste et méditative qui l’habite. Attiré tout au long de sa vie par le symbolisme, ses œuvres au pouvoir évocateur témoignent d’une vision synthétique du monde.
Marqué par le drame de son enfance, Donnay reste psychologiquement fragile tout au long de sa vie, en proie aux doutes, aux hésitations, peu confiant en soi et en ses moyens. La guerre le secoue profondément. Il souffre plus qu’un autre du débordement de barbarie. Lassé de la vie, il se donnera la mort le 18 juillet 1921.
 
Références bibliographiques
Parisse, J., 1991. Auguste Donnay, un visage de la terre wallonne. Bruxelles : Crédit Communal.
Piron, P., 2003. Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècle. Ohain : Art in Belgium.