Dario DE REGOYOS
(Ribadesella 1857 - Barcelone 1913)
Granada
Lavis d'encre de Chine sur papier
Signature et titre en bas à gauche: Granada - D de Regoyos
Circa 1900
212 x 145 mm
Biographie
Darío de Regoyos est né le 1er novembre 1857 à Ribadesella dans les Asturies, il est considéré comme l’un des plus grands représentants des courants impressionniste et du néo-impressionniste en Espagne. Dès l’enfance, il manifeste un intérêt particulier pour la musique et la peinture, ce qui entraine de nombreuses embûches avec son père qui rêve le voir devenir architecte comme lui. Adolescent, sa personnalité s’affirme par un refus des formalismes et des conventions. Darío s’inscrit à l'Académie royale des beaux-arts de San Fernando à Madrid où il suit les cours du peintre paysagiste pré-impressionniste belge naturalisé espagnol Carlos de Haes. Ce dernier lui conseille de s’adresser au maitre belge Joseph Quinaux qui deviendra son professeur de peinture à Bruxelles. En 1880, de Regoyos part pour Paris où il reste un an avant de se rendre à Bruxelles en compagnie de son ami Maximilien Luce. Il y reste jusqu’en 1889. Là-bas, il expose ses œuvres pour la première fois avec Théo Van Rysselberghe et Frantz Charlet. Il adhère ensuite au groupe avant-gardiste L’Essor. En 1883, il est l’un des membres fondateurs du groupe bruxellois Les XX. Il fait la rencontre de nombreux artistes belges : Émile Verhaeren, Georges Rodenbach, Maurice Maeterlinck, Constantin Meunier, etc. Son caractère sincère et extraverti et son habileté à jouer de la guitare en chantant des seguidillas lui attirent la sympathie et le rendent populaire, faisant de lui un compagnon recherché qu’on invite à toutes les soirées artistiques. Ses amis peintres, comme Théo Van Rysselberghe ou James Ensor, le représentent toujours jouant à la guitare et entonnant une chanson. Darío de Regoyos vit durant ces années une aventure surprenante et se trouve mêlé à un courant qui n’existe pas en Espagne : « la lutte pour la liberté d’expression dans la peinture ». L’Espagne est alors dominée par la tradition et le classicisme. Par ailleurs, il n’a jamais été considéré comme un étranger en Belgique. Il parle lui-même de ce pays comme sa seconde patrie et à chaque voyage en Espagne, il éprouve la nostalgie de Bruxelles. L’artiste espagnol n’a pour autant jamais pris racine nulle part. Même pendant sa longue étape belge, il est souvent revenu sur la Péninsule Ibérique.
À partir des années 1880, il vit au Pays basque où il revitalise l'école d'art moderne basque. Pendant une courte période, il fait partie du groupe de peintres dirigé par Seurat et consacré au divisionnisme. Cette technique ne correspond pas à son tempérament et il s’oriente vers d’autres formes de peinture plus adaptées à son caractère. De retour en Espagne, il envoie régulièrement ses toiles en Belgique jusqu’en 1890. Il participe ensuite aux salons de La Libre Esthétique et aux réunions chez Edmond Picard, le mécène de l’association. Il a pour amis les compositeurs Enrique Fernández Arbós et Isaac Albéniz, ainsi que l'écrivain Émile Verhaeren avec qui il publiera leur ouvrage commun España negra après un voyage en Espagne en sa compagnie en 1899. Tout au long des années 1880, il participe à des expositions en Belgique et en Hollande (Bruxelles, Anvers, Gand, Amsterdam). Dans les années 1890, il expose aussi à Paris (Salon des Indépendants), Madrid, Munich et Barcelone. Dans la ville catalane, sa peinture est honorée par l'état-major du modernisme, bien que son œuvre marquée par le post-impressionnisme, est assez mal acceptée dans les milieux les plus conventionnels. En 1897-1898, Darío de Regoyos réalise sa première exposition individuelle à la galerie Durand-Ruel à Paris et sa seconde à Els Quatre Gats à Barcelone. Ville dans laquelle il est directeur artistique de la revue moderniste Luz. Dans les années 1900, il intensifie ses voyages et élargi l'éventail de ses expositions : Bilbao, Francfort, Berlin, La Haye, Venise, Bayonne, San Sebastián, Pau, Toulouse, Londres, Mexico, Bordeaux, Buenos Aires. En 1910, il réside une saison à Grenade. Sans laisser sa maison de Las Arenas à Bilbao, il déménage à Barcelone en 1911. Petit à petit, il s’ouvre un chemin en Espagne grâce à sa patience et à sa ténacité. Non sans controverses, il commence à être pris en considération. Sa lutte pour l’authenticité et son refus de la peinture commerciale lui font dépenser toutes ses économies mais il reste fidèle à sa manière de peindre, conscient de l’importance de son art. Sa fraîcheur presque naïve, qui prévaut sur l'intensité et l'habileté, inspire les jeunes générations de peintres, notamment issus des noyaux basques et catalans (Isidre Nonell, Ramón Pichot, Marian Pidelaserra, Pablo Picasso). En 1913, une maladie le rend muet et finit par l’emporter le 29 octobre de cette même année. Il est alors âgé de 55 ans. Ses amis belges Van Rysselberghe, Maus et Verhaeren organise une exposition posthume Hommage à Darío de Regoyos à La Libre Esthétique, la seule des 21 expositions de ce cercle dédiée au nom d’un seul artiste. De nombreux musées en Espagne, en Belgique et ailleurs possèdent aujourd’hui des œuvres de Darío de Regoyos. Tout au long de sa carrière, l’artiste espagnol est en constante évolution de la spatule au pinceau, de l’impressionnisme au pointillisme. Sa caractéristique réside dans la sensibilité de la captation de la lumière et de la couleur, ainsi que dans sa forme d’impressionnisme originale et personnelle. C’est un voyageur infatigable et un défenseur de la peinture de première impression ; il fuyait le travail d’atelier parce que la nature ne s’y trouvait pas.
Références bibliographiques
Banque Bruxelles Lambert, 1985. Darío de Regoyos, Un espagnol en Belgique, Een spanjaard in Belgïe, Europalia 85 España. 13 novembre – 22 décembre 1985 [Catalogue d’exposition]
Museo del Prado, s.d. www.museodelprado.es, 14 décembre 2021.