- Coq
Coq
Grès émaillé Circa
Signature sur la base : Cobbaert
1955
49,5 x 24 x 12,5 cm

Jan Cobbaert

(Heverlee 1909 - Kessel-Lo 1995)
  - Coq
Coq
Grès émaillé Circa
Signature sur la base : Cobbaert
1955
49,5 x 24 x 12,5 cm

Œuvres

Jan Cobbaert - Sans titre
Jan Cobbaert - Sans titre
Jan Cobbaert - Composition
Jan Cobbaert - Composition
Jan Cobbaert - Vase

Biographie

Jean-François Cobbaert est un peintre, dessinateur, graveur, sculpteur, céramiste, créateur de vitraux et de bijoux belge. Il est né à Heverlee le 24 juin 1909, de l’union d’Amélie Baumans avec Louis Cobbaert. Le père Cobbaert tient un magasin de chaussures haute-couture à la rue d’Arenberg à Bruxelles, mais la famille habite à Korbeek-Lo et Jean va au collège de Louvain. Dès sa plus tendre enfance, il fait preuve d’un grand intérêt pour l’art. Il a à peine 12 ans quand son attention est captée par la fabrication de céramique dans une usine à Heverlee où l'on produit des garnitures classiques en série. Dès qu’il a un après-midi de libre, il va à l’usine pour donner un coup de main. A l'âge de 15 ans, il va à Louvain une fois par semaine pour y apprendre le métier de céramiste chez Jacques Charlier. Il suit également les cours de dessin et de peinture à l'Académie Municipale des Beaux-Arts de Louvain : dessin d'après nature chez A. Hermans (1873-1933), arts décoratifs chez E. Delaunois et un cours préparatoire de peinture chez J. Hodru. Cependant, son intérêt croissant pour l'art attire le mécontentement de son père, qui préférerait voir son fils faire carrière dans sa firme. Après ses humanités, Jan commence à travailler dans le magasin de chaussures de luxe de son père. Mais il veut devenir peintre. Toutefois, il doit d'abord faire des études supérieures. C'est ainsi qu’il suit les cours d’histoire de l'art à l'Université Catholique de Louvain. Il continue ensuite sa formation à l'Institut Supérieur d'Archéologie et d’Histoire de l’Art à Bruxelles. Ce sont surtout les cours de philosophie de l’art qui impressionnent Cobbaert.
Après avoir terminé ses études, le jeune artiste a la permission de commencer à peindre. Il continue entre-temps à travailler dans le magasin de son père. Mais le soir, il s'enfuit souvent à l’Académie Municipale de sa ville natale, où il est étudiant libre aux cours de peinture de W. Paerels et de dessin d'après modèle vivant de L. Jotthier. En plus, Cobbaert assiste parfois aux cours d’Alfred Bastien et d’Anto Carte à l'Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Il y reçoit une excellente formation en peinture de nu et peinture murale. Il exprime bientôt son tempérament d'expressionniste flamand : on le voit dans les nombreux portraits et nus qu'il fait à cette période et pour lesquels il se rend deux fois par semaine au café Le Cygne, à la Grand-Place. C'est également dans ce milieu bruxellois que Cobbaert est confronté à l'expressionnisme flamand, qui en est à son âge d'or. Grâce aux œuvres de la galerie d'avant-garde Le Centaure, il découvre les grands expressionnistes du deuxième groupe de l’École de Laethem-Saint-Martin : Gustave De Smet et Constant Permeke qui suscitent son admiration. En 1935, les aspirations artistiques et la persévérance inébranlable de Cobbaert sont récompensées par la Médaille d’Or de la Ville de Louvain pour le Dessin. En 1937, il reçoit la Médaille d'Or de l'État belge. La même année, ses efforts sont récompensés par le Grand Prix de Rome pour la Peinture. A cette époque, Cobbaert dessine des illustrations pour plusieurs imprimeries et éditeurs à Louvain et ses environs. En 1939, des subsides de l'État lui permettent de partir en Italie, en France et en Allemagne pour y étudier l'art ancien. Au cours de ce voyage, la seconde guerre mondiale éclate. L’artiste se retrouve dans une situation difficile qui provoque son retour précipité en Belgique.
A partir de 1940, Cobbaert s’inspire de La Route Libre, un groupe de peintres qui s'oppose à l'étroitesse bourgeoise de l'animisme. Il participe à une exposition de ce groupe à la Galerie de la Toison d'Or à Bruxelles. Les artistes qui y exposent sont refusés au Salon du Printemps à Bruxelles en 1941. En collaboration avec des collègues de l'Académie de Bruxelles et de Saint-Josse-ten-Noode, ils organisent leur propre exposition au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, sous le nom d’Apport 41. Avec le support de Robert Delevoy, qui exploite alors la Galerie Apollo à Bruxelles, ces artistes se rassemblent dans le mouvement Apport et organisent des expositions annuelles. Grâce à son association amicale avec Delevoy, son ancien professeur, Cobbaert s'introduit dans le monde artistique bruxellois. En 1943, il remporte le premier prix dans un concours organisé par la Galerie l'Atelier. Malgré cette promotion, il reste ouvert aux nouvelles tendances et il ne se repose pas sur ses acquis. Apport signifie d'ailleurs plus pour lui qu'une association purement formelle d'artistes. Pour lui, c'est un club d'amis qui se réunissent régulièrement pour parler de leur travail et échanger sur leurs expériences. Parmi les membres du groupe, figurent Louis Van Lint, Anne Bonnet, Gaston Bertrand, Mark Mendelson, René Barbaix, Émile Mahy, René Mels, Mig Quinet et Serge Vandercam. A l'occasion d'une exposition de la Jeune Peinture Française qui a lieu juste après la Libération au Palais Beaux-Arts à Bruxelles, les amis d'Apport créent la Jeune Peinture Belge. La fin de la guerre marque également pour Cobbaert le début de l'épanouissement de son talent. En octobre 1944, il est nommé professeur à l'Académie de Louvain.
Entre-temps, Jan Cobbaert rencontre José Beeckman, ils se marient le 11 août 1945. Pendant un an environ, ils habitent à Pamel, la terre natale de sa femme. C'est là que naît leur premier enfant, Éric, en 1946. En 1949, ils s'installent dans leur maison à Kessel-Lo, où leur deuxième fils Marc nait en 1951. Dans la chaleureuse intimité de sa famille, Jan trouve le calme nécessaire à la pratique de son art. Grâce au soutien affectif de sa femme et de ses enfants, il peut se consacrer entièrement — à côté de son professorat — à son art. Le petit cercle familier devient également la plus importante source d'inspiration : Cobbaert peint aussi bien la vie de tous les jours et les alentours de Kessel-Lo, que les plaisirs de vacances à la mer et surtout le monde de jeux et de fantaisie de ses enfants. Il laisse libre cours à ses impulsions et produit de grandes toiles puissamment animées, faisant raisonner des couleurs éclatantes et se heurter des surfaces délimitées avec vigueur. Ses peintures se présentent comme des images de totems qui rendent hommage à une nature exaltée. La prédilection pour le rouge, le jaune, le bleu éclatants, s’accommode fort bien de roses délavés, de mauves tendres, de jaunes ou de verts pastels et de blancs légèrement beiges ou orangés. Des couches superposées de couleurs font vibrer leur translucidité, atténuent ou intensifient certains tons en un jeu équilibré d’instinct. Dans ses œuvres, Cobbaert établit sa personnalité propre : elle se compose d’un dynamisme lyrique impétueux joint à un instinct d’expression savamment orienté. Ce qui ne connait pas d’interruption, c’est son besoin inné de produire des images dont la structure et la composition chromatique répondent au plus près à sa passion pour ce qui pourrait être appelé un équilibre animé.
Vers 1950, il fait la connaissance du mouvement CoBrA par la lecture d’une série de numéros illustrés de la Bibliothèque Cobra. Sans participer à ce mouvement, il sent que son œuvre se rapproche de ce langage expressif d’images. Jan Cobbaert ne se contente plus d'une seule discipline. Grâce à son intérêt pour les techniques et idées nouvelles, il se révèle être également un céramiste, un artiste graphique et un sculpteur enthousiaste. A Paris, il se spécialise dans la céramique, qui l'a passionnée depuis sa plus tendre enfance. Il poursuit ensuite son apprentissage chez Pierre Caille et Olivier Strebelle, et vers 1955-1956 chez Francis Duffey à Bruxelles. En même temps, Cobbaert se joint à Xylon, une association internationale de sculpteurs sur bois dont le siège central se trouve à Kreuselingen (Suisse). A cette période, il commence également à réaliser des expériences de lithographie et de sérigraphie. Vers la fin des années 50, son penchant créatif à façonner le fer le stimule à se perfectionner comme ferronnier d'art dans l'atelier de Félix Lefèvre à Heverlee. « Sa sculpture barbare prend la forme de signaux abstraits en fer forgé ou polyester, dans une forme anguleuse et traitée en plans ouverts. Dans les sentiments qu'il suggère, on retrouve les contradictions baroques comme la menace et la conciliation, la passion et la maîtrise. » En 1958, l'artiste est promu Chevalier de l'Ordre de Léopold II. La même année, l'État belge lui consacre une monographie, écrite par Maurits Bilcke. Au cours des années 50, les expositions réussies et les distinctions nationales et surtout internationales se succèdent. Plusieurs musées belges et étrangers achètent ses œuvres.
L'avenir semble prometteur pour la famille Cobbaert jusqu'au moment où le destin frappe impitoyablement avec la mort de leur fils Marcus le 21 avril 1958, suite à une tumeur cérébrale. La joie de vivre de Jan Cobbaert est remplacée par de sombres jours de chagrin. Désemparé et désespéré, il se plonge dans le monde du rêve et des enfants pour conserver un contact intime avec son fils. L’art devient un refuge, lui permettant d’exprimer les fortes émotions qui le traversent. En 1960, il accepte une fonction d'intérimaire à l’Athénée d'Aerschot, où il donne des cours de géométrie intuitive. Mais le destin frappe à nouveau : sa femme José est atteinte d'une maladie chronique. Pour Jan, c'est une période d'amertume qui commence, et il est confronté aux questions de la vie et de la mort. Sa femme décède le 20 mars 1966. Cette perte dramatique paralyse sa créativité. Il semble que le processus de création ne puisse plus le consoler non plus. Il trouve finalement le courage de continuer sa vie. Il devient conseiller auprès de l'Association d'Art Plastique International et il reprend ses activités dans l'Association Internationale de Xylon. Le 8 mai 1968, Jan Cobbaert se marie avec Ludovica Lambrechts. Ce second mariage et la naissance d'un petit-enfant lui redonnent goût à la vie. La joie de vivre renouvelée provoque une énorme métamorphose dans son art. L'angoisse, l'amertume et la notion de fugacité font place à des paysages gracieux. Jan et Vika partent souvent en voyage ensemble.
Vers la fin des années 60, l'artiste s’adonne à nouveau à la lithographie et à la sérigraphie. En tant que média, elles correspondent parfaitement à ses aspirations. Cobbaert se rend bien compte que vivre signifie changer, se développer ; il reste ouvert au changement, à l’amélioration de ses connaissances. Il suit d’ailleurs le cours donné par les professeurs Roger Raveel et Piet Clement au Centre Frans Masereel à Kasterlee. En avril 1974, Jan Cobbaert prend sa retraite comme professeur. Il peut alors se dévouer entièrement à son œuvre. Il se consacre à la taille-douce, dans laquelle le nouveau monde du petit-enfant prend une place prépondérante. Le monde capricieux des enfants domine d'ailleurs dans toutes ses disciplines. Cobbaert produit énormément d’œuvres, comme s'il voulait rattraper les dix tristes années vécues en sourdine. En septembre 1984, à l'occasion de ses 75 ans, les musées municipaux de Louvain organisent une grande rétrospective consacrée à son travail. Tout au long de sa vie, Jan Cobbaert fait preuve d’une énergie indéfectible dans les nombreuses disciplines qu’il pratique, toujours avec la même puissance de travail, inlassablement, dans la joie. Il s’éteint le 3 octobre 1995 à Kessel-Lo. Il est alors âgé de 86 ans.
« Ses œuvres s'accordent au battement du cœur de l'homme et de la nature et témoignent de la dynamique éternelle de la vie et du monde. »
 
Références bibliographiques
Toebosch, W., 1990. Jan Cobbaert. Hasselt : Galerij Janine Dessers.