Henry de Groux
(Bruxelles 1866 - Marseille 1930)
La Veillée de Waterloo
Pastel sur papier marouflé sur toile
Signature en bas à gauche : Henry de Groux
1975
56 x 75 cm
Biographie
Peintre, pastelliste, lithographe, illustrateur et sculpteur belge, Henri Degroux est né le 16 novembre 1866 à Bruxelles, dans la commune de Saint-Josse-ten-Noode. Son père, Charles Degroux, est un peintre renommé et acteur essentiel du réalisme social en Belgique. Membre fondateur de la Société libre des Beaux-Arts en 1868, Charles Degroux compte parmi des amis Constantin Meunier, les frères Stevens et Félcien Rops. Il décède en 1870.
De 1877 à 1882, Henri Degroux suit l’enseignement artistique du peintre Jean-François Portaels, d’abord au collège de Vilvoorde puis à son atelier privé. En 1884, il s’s’inscrit à l’École nationale des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme. Dès 1885, il expose aux 9e et 10e exposition du cercle L’Essor dont il est membre. Il devient l’ami de l’artiste William Degouve de Nuncques. Une profonde amitié naît entre les deux hommes. En 1886, il est élu membre du Groupe des Vingt. Il y expose trois années de suite. En 1888, il modifie légèrement son nom d’artiste Henry De Groux, puis à partir de 1889 Henry de Groux. La même année, il partage un atelier avec William Degouve de Nuncques rue des Coteaux à Schaerbeek. Il y peint Le Christ aux outrages, qu’il termine au cours de l’année 1890 et qu’il expose au Salon triennal de Bruxelles. Cette année voit l’exclusion/la démission d’Henry de Groux du Groupe des XX après son refus d’exposer dans la même salle que Vincent van Gogh et la dispute qui s’ensuit avec lui. Henry de Groux poursuit sa carrière entre Paris, Bruxelles, Florence, Avignon et Marseille. A partir de 1891, Félicien Rops lui apporte son aide pour intégrer le milieu artistique parisien. Il fait la connaissance de Léon Bloy, avec lequel il entretiendra une amitié complexe. Refusé par le jury du salon du Champ-de-Mars, Le Christ aux outrages suscite la curiosité du tout-Paris artistique et littéraire. Avec le soutien de Rops et Puvis de Chavannes notamment, l’œuvre sera finalement présentée au pavillon des Arts libéraux et à la Hannover Gallery de Londres. En 1893, Henry de Groux et Marie Engel se marient à Enghien-les-Bains. Leur fille Élisabeth de Groux nait l’année suivante.
En 1895, de retour à Bruxelles, Henry de Groux s’inspire de l’épopée de Napoléon et de la Tétralogie de Wagner. En peinture comme en sculpture, il est alors influencé par la littérature et la musique symbolistes. Il représente des portraits imaginaires de ses héros : Baudelaire, Dante, Virgile, Wagner, Lohengrin, Napoléon, etc. Lié par contrat avec le marchand E. Marlier, il entreprend de créer un Cycle napoléonien. Il expose à La Libre Esthétique la même année. L’histoire de Byzance est une autre thématique de prédilection, de même que le mysticisme auquel l’initie Léon Bloy. Son imagination débridée présente souvent des scènes agitées, violentes, où des victimes sont torturées ou humiliées par des foules hystériques. En 1897, de Groux expose ses créations napoléoniennes à La Libre Esthétique. De retour à Paris, il réalise plusieurs tableaux et pastels inspirés des opéras de Wagner. En 1898, de Groux se passionne pour l’affaire Dreyfus. Persuadé de l’innocence du capitaine, il admire l’engagement d’Émile Zola. Témoin de la violence de la foule envers l’écrivain engagé, il en fait le thème d’un tableau. Les de Groux ont une deuxième fille : Marie-Thérèse. En 1899, l’artiste commence une série d’œuvres inspirées de la Divine Comédie de Dante. En 1901, la galerie Georges Petit à Paris expose une soixantaine d’œuvre d’Henry de Groux. Le 26 avril 1903, l’artiste part pour Florence. Il bénéficie rapidement d’un riche réseau de relations à Florence et à Rome. Là-bas, il travaille de façon intensive. En mars 1904, il expose au Palais Corsini de Florence. En juin de la même année, il est emmené à l’hôpital psychiatrique de San Salvi, dont il parvient à s’échapper après quelques semaines d’internement. Il embarque pour Marseille, où son épouse Marie vient le chercher en août pour le ramener en Belgique.
Après une année difficile, Henry de Groux se remet peu à peu à son activité artistique, travaillant à des scènes et des portraits du 18e siècle et de l’époque révolutionnaire et à ses séries. Il expose au Salon des beaux-arts d’Ostende. En 1907, de Groux participe à la première exposition du cercle L’Estampe, dont il est l’un des membres fondateurs. Germaine Lievens, avec qui il entretient une relation depuis quelques années, donne naissance à Ève-Marie, troisième fille d’Henry de Groux. En 1909, de Groux se met à la sculpture avec passion. En 1911, de Groux installe son atelier dans l’abbaye de la Cambre à Ixelles. La même année, il est décoré de l’ordre de Léopold. Installé en Provence à partir de 1913, il voyage encore régulièrement. Il est à Paris lorsque et décide d’y rester pour prendre la mesure du conflit en cours, au plus près des lignes de front. Henry de Groux obtient l’autorisation d’approcher des zones de combat. Il réalise plusieurs centaines de dessins sur place, à partir desquels il entreprend une production colossale de grandes peintures, de pastels et d’estampes. Il y exprime sa perception horrifiée du conflit. En 1919, un ensemble important de dessins de guerre de l’artiste est exposé à Rome puis à Stockholm. Jusqu’à la fin de sa vie, il vit le plus fréquemment en Provence : à Avignon, au Palais de Roure de Jeanne de Flandreysy, à Marseille ou à Vernègues. En 1929, sa santé se dégrade fortement. Le 12 janvier 1930, Henry de Groux s’éteint à l’âge de 63 ans à Marseille.
Références bibliographiques
Carpiaux, V., de Sadeleer, P. et alt., 2019. Henry de Groux (1866-1930). Maître de la démesure. Musée Félicien Rops, Namur, du 25 mai au 22 septembre 2019. Paris : Éditions In Fine.
Mayer, G., 1995. Le dictionnaire des peintres belges du XIVe siècle à nos jours depuis les premiers maîtres des anciens Pays-Bas méridionaux et de la Principauté de Liège jusqu'aux artistes contemporains, t. 1. Bruxelles : La Renaissance du Livre.
Piron, P., 2003. Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècle. Ohain : Art in Belgium.