- Composition
Composition
Huile sur papier marouflé sur toile
Signature et date en bas à droite : Appel - 75
1975
56 x 75 cm

Karel Appel

(Amsterdam 1921 - Zurich 2006)
  - Composition
Composition
Huile sur papier marouflé sur toile
Signature et date en bas à droite : Appel - 75
1975
56 x 75 cm

Biographie

« Un tableau n'est plus une construction de couleurs et de traits, mais un animal, une nuit, un cri, un être humain, il forme un tout indivisible. »
Peintre et sculpteur néerlandais, cofondateur du groupe CoBrA, Christiaan Karel Appel naît le 25 avril 1925 à Amsterdam. Il commence à peindre à l'âge de quatorze ans, sa première œuvre étant une nature morte d'une corbeille de fruits. De 1940 à 1943, il étudie à la Rijksakademie van Beeldende Kunsten d’Amsterdam et obtient sa première exposition solo en 1946. Inspiré par le style de Paul Klee, Joan Miró, Henri Matisse, Appel commence à expérimenter une approche rudimentaire de la description de sujets rappelant l’art populaire. En 1948, il co-fonde l’Experimentele Groep in Holland avec Corneille Eugène Brands, Theo Wolvecamp, Anton Rooskens, Constant Nieuwenhuis et bien d’autres artistes néerlandais. Ainsi se forment les prémices du mouvement CoBrA. Le 8 novembre de la même année, l’acte de fondation du groupe CoBrA intitulé La cause était entendue réunit Asger Jorn, chef de file du surréalisme abstrait danois et Christian Dotremont, poète et peintre belge, ainsi que Joseph Noiret, Karel Appel, Constant Nieuwenhuys et Corneille. Le groupe se détache du passé, de l’abstraction géométrique, du rationalisme et du surréalisme. Il se dresse contre toute forme de discours théorique, contre tout esthétisme et formalisme et contre les mouvements en « isme », clamant la nécessité de l’esprit expérimental et refusant tout cloisonnement. Le groupe CoBrA n’a eu qu’une existence brève de trois années. Constitué le 8 novembre 1948 dans le café Notre-Dame à Paris, il réunit des peintres, des sculpteurs et des poètes représentant trois pays : les Pays-Bas, le Danemark et la Belgique. L’acte de naissance approuve la formation du groupe sous le nom de CoBrA, CO pour Copenhague, BR pour Bruxelles et A pour Amsterdam. Ce mouvement artistique expérimental devient l’un des mouvements les plus important d’après-guerre. CoBrA est plus qu’un collectif d’artistes, c’est un état d’esprit et un mode de vie. Michel Ragon écrit à ce sujet : « CoBrA est moins une tendance qu’une occasion de rencontres heureuses. ». Les tableaux du groupe donnent vie à des personnages parfois proches de l’art primitif, inspirés de l’art populaire principalement nordique. Ce bestiaire est également empreint de Contes et de Fables traditionnels danois. Les artistes inventent des créatures et des bestioles inspirées des dessins d’enfants. En ce temps-là, Karel Appel réalise de nombreux panneaux de bois en relief et des peintures murales sur le thème de l’enfant. Il les décrit comme des œuvres « puissantes, primitives ». Emblèmes de révolte et de vérité, ces travaux font apparaître les enfants comme des acteurs dérisoires d’une révolte impuissante. CoBrA est un véritable catalyseur dans la formation du langage pictural d’Appel, dont il garde une certaine imagerie.
En 1950, Karel Appel s’installe à Paris. Sa peinture, dénuée de toute référence à la réalité, est alors violemment gestuelle et matiériste. Son œuvre penche ensuite vers le dessin d’enfant et le dessin primitif, reconstituant un « graphisme à l’état sauvage ». Appel aborde des thèmes plus classiques comme les nus, les paysages imaginaires, les animaux indéfinis ou les portraits, ainsi que des thèmes plus pointus sur l’enfance ou sur la psychiatrie. Dans le même temps, avant et après CoBrA, il s’est approché très près de l’abstraction sans totalement abandonner les repères du monde visible. Quel que soit le sujet, l'artiste s’attache à retranscrire les sentiments violents que lui inspire le monde. Il prône une expression gestuelle, primitive et enfantine, avec un chromatisme accentué et souvent provocant. Tout commence vraiment à Paris pour l’artiste, de la création de CoBrA à sa rencontre avec plusieurs critiques d’art, bonnes fées qui se penchent sur sa peinture. D’abord Michel Ragon, qui se souvient qu’à ses débuts il ne parlait pas un mot de français, à la différence de ses amis Corneille, Constant et Jorn. « Appel tint d’abord dans ce quatuor le rôle du muet. Mais sa peinture n’en gesticulait que de plus belle. Elle criait, hurlait », dit-il. Puissante, gestuelle, fougueuse, épaisse, celle-ci est vite repérée par le flair d’un autre critique majeur de l’époque, Michel Tapié. Suite à la dissolution de CoBrA en 1952, Appel rejoint Art Informel, un autre cercle d’artistes abstraits, comprenant Michel Tapié et Henri Michaux. Si Ragon l’expose à la galerie Pierre, avec d’autres artistes CoBrA, Tapié innove : en 1952, avec Riopelle ou Michaux, il fait dialoguer l’artiste dans Un art autre au studio Facchetti, avec de futurs ténors de l’abstraction gestuelle américaine tels que Sam Francis ou Jackson Pollock. C’est le début de la reconnaissance. « Tapié l’a lancé à l’international, incitant la galeriste Martha Jacksons à l’exposer à New York en 1954. Il a eu du succès rapidement, après avoir été très pauvre », explique sa femme Harriet Appel. Après le formidable tremplin parisien, l’artiste s’installe à New York en 1957. À l’exception notable du conservateur Willem Sandberg, il y est longtemps incompris après avoir jeté un pavé dans la mare en affirmant qu’il cherchait juste à créer un peu de désordre. « Les gens disaient que c’était du barbouillis, que leur enfant pouvait faire cela ! », précise Harriet Appel. Au point que lorsque l’artiste répond à une commande, à la fin des années 1940, pour réaliser une peinture murale dans la cantine de l’hôtel de ville d’Amsterdam, son œuvre sera recouverte de papier peint pendant dix ans.  Qualifié tour à tour de naïf ou de puéril, l’art d’Appel se révèle bien plus subtil. « Appel est un immense peintre et sculpteur, un artiste hors normes dont l’œuvre ne peut être limitée à une lecture expressionniste », raconte Fabrice Hergott, directeur du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris.
Tout au long de sa carrière, Karel Appel poursuit son engagement dans l’expression picturale. Son travail fait l’objet de nombreuses expositions et ses œuvres sont présentes dans les collections du MOMA à New York, du Art Institute à Chicago, de la National Gallery à Londres et du Rijksmuseum à Amsterdam. En 1970, il entame une période plus baroque où il exécute des sculptures polychromes en aluminium et réalise des œuvres monumentales pour des commandes. Après 1980, il épure et structure son travail avec les séries des Fenêtres et Miroirs, des paysages. Il écrit également des textes et des poèmes, conçoit des scénographies, des décors et des costumes pour la danse ou l’opéra. Le 3 mai 2006, Karel Appel s’éteint à l’âge de 85 ans à Zurich en Suisse. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.