Albert Ciamberlani
(Bruxelles 1864 - 1956)
Le sommeil
Huile sur toile
Signature en bas à droite : Ciamberlani
Signature et lieu au dos : Ciamberlani – Bruxelles
1980
118 x 74 cm
Biographie
Albert Ciamberlani, né à Bruxelles le 13 mai 1864, est un artiste peintre symboliste belge. Il est le fils de Jeanne Peleman et de Vincent Ciamberlani. Albert Ciamberlani fait des études de droit avant de se lancer dans la peinture. De 1882 à 1888, il fréquente l'Académie de Bruxelles où il est l’élève de Jean-François Portaels. Là-bas, il s’inscrit à différents ateliers : dessin d'après tête antique (1882-83), dessin d'après figure antique (1884-85), peinture d'après nature (1885-86) et dessin d'après nature (1885-88). Dès les débuts de sa carrière, il a une prédilection pour la peinture décorative et les vastes compositions murales. Il devient l'un des pionniers de la remise à l'honneur de la peinture décorative en Belgique. En 1887, il expose pour la première fois au cercle L'Essor. Il admire l'art de l’artiste français Puvis de Chavannes qui l’inspire dans son idéalisation du monde. Albert Ciamberlani, épris de l’idéal, fait songer à Puvis de Chavannes dont la noblesse de ligne le hante visiblement. Il sait d’ailleurs allier la grâce à la gravité et chercher simplement, dans des panneaux décoratifs, des harmonies de tons délicats. En 1892, il participe à la fondation du cercle Pour L'Art et collabore aux salons de ce groupe ainsi qu'à ceux de L'Art Idéaliste dès 1896. A cette époque, Ciamberlani participe aux expositions triennales de Gand, Bruxelles et Anvers. Il participe aussi à différentes expositions universelles et à de nombreuses manifestations artistiques internationales : Munich, Venise, Budapest, Berlin, etc. Confrontés au pessimisme ésotérique, certains artistes tels que Jean Delville, Constant Montald, Albert Ciamberlani, Charles Doudelet, Émile Fabry et Léon Frédéric, se regroupent bientôt sous la dénomination d’ « idéalistes ». Ils réagissent ainsi à cela en s’imprégnant de la noblesse de leur mission : élever l’âme des foules en leur inculquant le sentiment de la Beauté qui est un élément de bonheur et de vertu.
En 1897, Albert Ciamberlani et sa mère commandent un hôtel particulier à l’architecte Paul Hankar, un protagoniste du courant Art nouveau en Belgique. L’immeuble se situe au n°48 de la rue Defacqz à Ixelles. Ciamberlani y élit domicile et y installe son atelier. La majeure partie de la façade monumentale de douze mètres de large est recouverte de sgraffites conçus par Albert Ciamberlani et exécutés par Adolphe Crespin. Sous la corniche, une rangée de médaillons font partiellement référence aux travaux d'Hercule. Au centre, une spectaculaire fresque est conçue dans la veine symboliste. Elle représente à la fois le cycle de la nature (de l'été à l'hiver) et le cycle de la vie de l'homme. Ciamberlani a une vocation décorative et une inclination à situer ses personnages dans une nature élyséenne [1]. Peut-être éprouve-t-il l'obsession de la destruction corporelle, qui est si profondément inscrite dans le climat symboliste. A L'Essor ou au Cercle Pour l'Art, aux côtés des œuvres de Delville et de Levêque, défilent une Perversité, une Allégorie des pleurs, une Lethé, allégorie de l'oubli, sœur de la mort et du sommeil, un Cain vagabond. Précisément par réaction contre la morbidité qui humecte ses lèvres, il se convainc que les surfaces murales appellent l'image d'une humanité supérieure, susceptible de servir d'exemple. Il représente alors une société d'abondance aisément nourrie par une terre fertile, immunisée contre toutes passions, n'éprouvant d'autre sentiment que la bonté, la tendresse, la sérénité. Cependant, Ciamberlani sait qu'il ment : « Je crois qu'il faut aller jusqu'au bout du mensonge ». Les décorateurs de ce temps ont recours à l'allégorie parce qu'ils n'osent pas encore prendre le parti d'abolir le sujet, de passer au-delà du rideau des apparences. Ils commencent à penser peinture en termes abstraits, mais n'osent pas encore peindre de même.
En 1919, Ciamberlani est nommé professeur de dessin à l'Institut national supérieur des Beaux-Arts d'Anvers. En 1920, il participe à la fondation de la Société de l’Art Monumental. L’année suivante, le groupe présente un projet de décoration pour l’hémicycle du Cinquantenaire à Bruxelles. Le projet est confié aux membres : A. Ciamberlani, J. Delville, O. Dierickx, E. Fabry, C. Montald et E. Vloors. En 1924, Ciamberlani est nommé professeur d'art monumental et de décoration à l'Institut national supérieur des Beaux-Arts d'Anvers. La même année, il termine la commande passée par l’hôtel de ville de Saint-Gilles pour décorer l’escalier d’honneur. Il couvre de ses toiles marouflées les deux murs qui bordent l’escalier : La Sérénité et La Force. À Louvain, il décore le plafond du Palais de Justice. En 1949, il conçoit quatre grandes toiles installées dans la salle des Audiences solennelles de la Cour d’Appel du Palais de Justice de Bruxelles. Outre les décorations mentionnées, l’artiste est également nommé Officier de la Couronne d'Italie et Chevalier de la Légion d'Honneur. Le 8 avril 1956, Albert Ciamberlani s’éteint à Uccle. Il est alors âgé de 91 ans.
[1] Dans la mythologie grecque et romaine, L’Élysée (ou les champs Élysées) est la région des enfers où séjournaient les héros et les hommes vertueux après leur mort.
Références bibliographiques
Legrand, F.-C., 1971. Le symbolisme en Belgique. Bruxelles : Laconti.
Nolf, E. & Van Duyse, D., 1995. Albert Ciamberlani 1864 – 1956. Wilrijk : M. Amssoms.