Henri Ottevaere
(Bruxelles 1870 - 1944)
Paysage de Linkebeek
Huile sur carton
Signature et date en bas à droite : HOttevaere 1917
1917
38 x 62 cm
Biographie
Henri Ottevaere est un peintre et dessinateur belge né à Bruxelles le 2 avril 1870. Il est le fils de Louis Ottevaere, encadreur qui, revenant de Paris, est le premier à introduire l'industrie du passe-partout pour aquarelles en Belgique. Mis en contact dès son plus jeune âge avec des artistes, il manifeste très tôt son goût pour la peinture. Encouragé par son père qui souhaite faire de lui un artiste et un « homme libre », il entre à 11 ans à l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. En 1885, il devient élève de Jean-François Portaels. Il reçoit aussi les conseils de Xavier Mellery, Charles Storm van 's Gravesande et Eugène Smits. A cette époque, il fréquente aussi l'Académie libre La Patte de dindon. A la mort de son père, en 1888, il quitte l'atelier où enseigne Portaels pour s’occuper de l'atelier d'encadrement.
De 1891 à 1894, il expose annuellement au cercle Voorwaarts, collectif d'artistes à Bruxelles. A partir de 1894, Henri Ottevaere fait partie du cercle Pour l'Art et signe même l'affiche de 1894, dans l'esprit de la peinture symboliste de l'époque. Il choisit de représenter un jeune homme, la tête nimbée, qui repousse du bras tendu le démon des ténèbres, faisant ainsi éclore un champ de fleurs sous un lever de soleil. Le cercle regroupe les artistes idéalistes, désireux « d'élever l'âme des foules en leur inculquant le sentiment de la Beauté qui est un élément de bonheur et de vertu ». Ils organisent aussi des conférences artistiques, littéraires et musicales. En 1899, Ottevaere expose avec assez bien de succès à Dresde. Sa première exposition personnelle, qu’il partage avec Victor Rousseau, a lieu au Cercle artistique en 1901, une expérience qu'il rééditera en compagnie de Firmin Baes cette fois, en 1909, au même endroit. En 1932, Le Musée Charlier lui consacre une exposition. Tout au long de sa carrière, il expose successivement au Champ de Mars, à Paris, Bordeaux, Munich et Barcelone.
Comme Delville, Frédéric ou Levêque, Ottevaere marque d'abord sa prédilection pour le grand format et le triptyque qui permet de raconter, de mettre en images la naissance, la vie et la mort : le premier Au temps d'Hérode (1896) suivi en 1901 par Le Jardin d'Eden (conservé à l'hôtel de Ville de Saint-Gilles) et les Pacifiques Labeurs en 1906. Dans son œuvre, l’influence de Puvis de Chavannes ainsi que des réminiscences des thèmes wagnériens son notables. Ottevaere se distingue peu à peu dans la technique du dessin. En 1901, Octave Maus souligne dans L'Art Moderne les trouvailles poétiques « plus littéraires peut-être que picturales... une intellectualité, plus qu'une palette » ou, plus tard, dans L'Indépendance belge : « regardez les tableaux à l'huile d'H. Ottevaere, ils ne sont point d'un coloriste... il est surtout un dessinateur, tentant de saisir la ligne, la forme des choses... ». Les critiques s'accordant par ailleurs pour louer le talent de paysagiste de l'artiste. En 1908, il devient directeur de l’Académie de Dessin de Saint-Josse-ten-Noode. Il occupe cette charge jusqu'en 1936. Il sera un professeur apprécié, laissant le talent de ses élèves s'épanouir librement.
Après une période symboliste, Henri Ottevaere se dégage de cet art d’idéalisation et de figures épiques pour devenir l'interprète de la nature. Ses paysages du pays mosan et ses marines dégagent un sentiment de rêve qui révèle l'esthétique idéaliste de ce peintre d'atmosphère. Il ramène de son séjour forcé en Angleterre (à cause de la première guerre mondiale), où il cohabite avec son ami de toujours Émile Fabry, de splendides dessins, à la fois délicats et majestueux : les variations de la lumière, la subtilité de l'atmosphère, l'ampleur des vues sont rendues avec beaucoup de bonheur. Cette attention pénétrante qu'il porte à la nature, la justesse et la précision de l'observation, la très belle technique du dessin rehaussé de légers lavis constituent ses qualités majeures. Les portraits sont rarement exposés : il excelle également, tant dans ses œuvres très abouties que dans les rapides croquis qu'il fait de ses élèves. Jusqu'à ses derniers jours, inlassablement, il dessinera Londres et la campagne anglaise, la Hollande, l'Italie, la Sicile, le Midi de la France, la côte belge ou la campagne, notamment les environs de Faulx-les-Tombes où il a une maison de campagne. Henri Ottevaere s’éteint le 11 décembre 1944, au lendemain de la Libération. Il est alors âgé de 74 ans.
Références bibliographiques
Dierkens, F., 1987. Henri Ottevaere, Dessin. [Exposition Musée Horta, Avril-mai 1987]
Mardulyn, J., 1980. Rétrospective Henri Ottevaere. [Exposition Hôtel Charlier, Avril-mars 1980]