Abraham van den Boogaart est né à Delft le 12 juillet 1921. Il est le fils d’Abraham van den Boogaart, un forgeron. Ses parents n’ont pas accueilli favorablement le désir de leur fils de devenir peintre et l’ont envoyé dans une école technique pour devenir décorateur. Le soir, Bogart était autorisé à suivre un cours de dessin par correspondance. De 1937 à 1939, Bogart travaille comme artiste commercial pour une agence de publicité à Rotterdam. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Bogart se cache pour éviter le travail forcé pour l’armée allemande et a réussi à peindre une série de paysages hollandais. Après la libération en 1945, il commence à développer ses premiers paysages muraux à texture rugueuse, construisant ses peintures en couches de matière. Il s’associe aux artistes de l’Art Informel, terme désignant un groupe pratiquant différentes formes d’abstraction. Au cours des années 1950, il s’installe à Paris pendant près de dix ans et explore les possibilités des peintures figuratives monochromes à la manière de Jean Dubuffet. En 1957, Bogart expose pour la première fois au Royaume-Uni, dans le cadre d’une exposition itinérante de l’Arts Council, et se démarque parmi un groupe comprenant Dubuffet, Jean-Paul Riopelle, Pierre Soulages et Karel Appel, compatriote de Bogart et membre de le groupe CoBrA. D’abord, il expérimente le cubisme et le dessin figuratif, peignant des fleurs, des natures mortes et des autoportraits. Dans les années 1950, il commence à travailler avec des empâtements. En utilisant d’épaisses couches de peinture colorée, il développe un style expressionniste qui devient de plus en plus abstrait avec le temps. En 1958, il présente sa première exposition personnelle à Londres, à la galerie Gimpel Fils. Entre 1958 et 1960, Bogart séjourne à Rome, où il découvre la couleur. En 1960, Bogart s’installe en Belgique, d’abord à Bruxelles, puis à Ohain, dans la province du Brabant wallon. En 1969, il est naturalisé belge. Au cours de ces années, les peintures de Bogart sont devenues de plus en plus épaisses en couches et en matières. Le peintre développe un système de panneaux renforcés et continue d’épaissir la matière par le biais d’un procédé spécial lui conférant un aspect de ciment, qu’il applique au moyen de brosses, truelles et spatules. Bientôt, cette matière semble devenir l’essence même de son œuvre, appliquée d’une manière de plus en plus spontanée, débordant du cadre au point de devoir consolider celui-ci par des traverses métalliques. Certaines de ses œuvres peuvent peser jusqu’à 300 kg. Mais si la fabrication du support peut lui prendre plusieurs jours, le processus de création n’excède souvent pas quelques heures. Il conçoit d’ailleurs ses propres châssis métalliques pour supporter le poids de son travail. Pour certains artistes, la matière est une valeur ajoutée, mais pour lui, la matière est la valeur elle-même. Bien qu’il utilise la même technique depuis le début des années 1960, il parvient toujours à se renouveler dans sa peinture. Il est considéré comme l’un des peintres de matière les plus importants de l’après-guerre. Le 2 mai 2012, Bram Bogart s’éteint à Saint-Trond. Il est alors âgé de 90 ans. L’art de Bogart est présent dans des nombreuses collections privées et publiques. Son travail est représenté dans le monde entier, notamment au Boijmans Van Beuningen à Rotterdam, au Guggenheim à New York, au Louvre et au Centre Pompidou à Paris. En 2012, le Cobra Museum d’Amsterdam a rendu hommage au « Maître de la matière » avec une grande rétrospective. En 2014, la Tate Modern a acquis trois œuvres de l’artiste. En 2022, le Musée Prinsenhof de Delft a accueilli une grande rétrospective de son œuvre.

 

Références bibliographiques
www.jvmagazine.be/portraits/309-bram-bogart-peintre
www.whitfordfineart.com/artists/90-bram-bogart/biography/