Julien Dillens
(Anvers 1849 - Bruxelles 1904)
Assomption de la Ste Vierge
Encre à la plume sur papier
Titre en bas au milieu : Assomption de la Ste Vierge
Monogramme et date en bas à droite : JD [entrelacés] – 1876
Inscription et signature en bas à droite : n°2 Projet de fronton pour l’Église de Bourseigne- Neuve (Styl. Gothique) – Julien Dillens
1876
265 x 418 mm
Biographie
Julien Dillens est un sculpteur, aquarelliste et dessinateur belge né le 8 juin 1849 à Anvers. Il a quatre frères et une sœur. Les quatres garçons deviennent artistes : Albert, peintre-graveur ; Fritz, architecte ; Gustave, sculpteur-ornemaniste et George, sculpteur. Vers 1953, la famille vient se fixer à Bruxelles, Julien a 4 ans. Dès son plus jeune âge, Julien Dillens fréquente les milieux artistiques grâce à son père et à son oncle Adolphe-Alexandre Dillens. Il est voué à devenir ingénieur selon l’avis de son père en dépit d’un environnement familial largement ouvert au monde artistique. En 1961, Julien vient d’avoir 12 ans lorsqu’il s’inscrit comme élève à l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles. Il suit différentes classes (dont le cours d’Eugène Simonis) : dessin de fleurs et fruits, dessin d’après nature, modelage d’après nature. En 1870, Carrier-Belleuse, le grand sculpteur français, vient se fixer à Bruxelles pour exécuter les sculptures du palais de la Bourse, qui lui ont été commandées par le gouvernement belge. Julien Dillens, se sentant armé pour la lutte, est à l'affût de tout ce qui peut le faire non seulement travailler, mais aussi apprendre, et de plus gagner un peu d'argent. Il se présente au maître qui le prend sous ses ordres. Le maître français est accompagné d'un jeune compatriote qui doit également travailler aux sculptures de la Bourse : Auguste Rodin. Une amitié nait alors entre les deux jeunes apprentis. Pendant cinq ans, Julien Dillens travaille à diverses sculptures du Palais de la Bourses : à la frise représentant les corps de métiers bruxellois, à des bas-reliefs, des mascarons, des médaillons, des cheminées même, etc. C’est pour le jeune sculpteur des cours pratiques à côté des cours trop souvent théoriques de l’Académie. C’est de cette époque que date le premier envoi de Dillens à un salon : il expédie un Buste d’enfant à l’exposition triennale d’Anvers de 1870. En 1974, au Salon de Gand, le jeune artiste montre un buste de son père. L’année suivante, Dillens montre L’Énigme au salon d’Anvers, première œuvre importante que l’artiste a exécuté grâce à la modeste somme d’argent qu’il touche après sa victoire au concours de la Compagnie des Bronzes. Avec cette œuvre, il voulait réagir contre la forme d’art dominante de son époque, durant laquelle les statuaires belges s’occupèrent bien plus de certains « canon » surannés que de la belle nature. Le jeune sculpteur trouvait que Léonard de Vinci avait eu raison de dire : « Suivez la nature, et non votre maître ». Jamais dans ses œuvres, même dans ses premières, on ne trouve une ressemblance avec les œuvres d’Eugène Simonis, ou bien des traces de l’influence de Carrier-Belleuse. Dans L’Énigme, le sculpteur accentue nettement la note réaliste ; il a étudié de près la nature, ne s’est inspiré que d’elle, et ainsi, rejetant loin toute convention académique, est parvenu à exprimer « de la vie ». En 1876, la sculpture, montrée à Bruxelles, focalise l’attention de tous les critiques malgré les atténuations auxquelles le sculpteur doit consentir pour obtenir l’accès du Salon. A cette époque, le nu n’est réputé décent que s’il est impersonnel et vague. A ce même Salon, d’autres jeunes artistes affirment par leurs œuvres l’évolution réaliste-naturaliste. La jeunesse artiste proteste contre les tendances de « l’art officiel » et c’est après le Salon de 1875 que se fonde le Cercle des élèves et des anciens élèves des Académies des Beaux-Arts. Le groupe deviendra plus tard le cercle L’Essor pour lequel Dillens dessine une première affiche, un Lion héraldique. Ce cercle devient bientôt « une puissance dans notre art contemporain ».
« Le moment est venu de vaincre la convention académique encore en honneur, la monotone impersonnalité des types et des attitudes imités de l’antique ». Paul Lambotte
Après un bref séjour à Paris, Dillens dernier remporte le Prix de Rome de 1877. Il part en Italie mais il s’arrête de nouveau à Paris pour mieux étudier les richesses d’art qui y sont accumulées. Il fait de même pour Londres, puis il voyage et partout il croque, il annote, il étudie les maître et les choses. Il fait du paysage, de la figure, de l’ornement, de l’architecture, au crayon et à l’aquarelle. Bientôt, Julien Dillens en a assez des voyages et se fixe en Italie qui est selon lui « le pays par excellence, la terre promise, l’Eden de l’art ! »
« Il a une facilité de dessin remarquable, une justesse d’œil extraordinaire ; ses plus simples dessins pourraient servirent de modèle, car ils ne donnent pas seulement l’apparence extérieure des choses, ils font encore deviner l’âme qui fait frémir ces blocs et ces fragments, qui fait qu’ils vivent, mutilés et superbes ! »
A la fin des années 1870, Julien Dillens conçoit son groupe magistral La Justice entre la Clémence et le droit. Cette œuvre, d’une allégorie si expressive, d’une composition originale et novatrice, est refusée par le jury de l’Exposition de Bruxelles de 1880. Au Salon de 1881, La Justice est acceptée, mais placée dans un coin sombre à l’écart. Dillens a ressenti toute sa vie le contrecoup de l’échec qu’a subi l’œuvre dans laquelle son âme d’artiste a placé tant d’espoir. Les grands et légitimes succès qu’il remporte plus tard ne parviennent pas à cicatriser la profonde blessure. Pendant dix ans, les grandes commandes officielles lui échappent ; il doit se contenter de réalisations secondaires jusqu’au moment où, au début des années 1890, les commandes abondent. Ses bustes officiels ou statues se multiplient, de même que les monuments funéraires, les fontaines, etc. A partir de ce moment, la production de Dillens, qui fut toujours féconde, augmente encore : il exécute, d’après les dessins de Xavier Mellery, l’Art flamand et l’Art allemand pour le Palais des Beaux-Arts ; l’Art monumental et l’Art industriel pour la balustrade de la rue de la Régence ; l’Art classique et l’Art somptuaire pour la façade de la rue du Musée. Malgré ces nombreux travaux, il produit aussi des œuvres originales. Il crée des bustes, des ouvrages d’inspiration historique et mythologique, des monuments funéraires et commémoratifs, des fontaines (Persée et Andromaque, Ixelles), des décorations murales, des médailles et des esquisses préparatoires. En 1897, on fait appel à son talent pour la réalisation de statues didactiques qui représentent diverses peuplades du fleuve Congo et destinées à l’Exposition universelle de Bruxelles. Il expose aussi souvent à l’étranger : Berlin, Amsterdam, Edimbourd, Krefeld, … Parallèlement à tout ça, il est professeur à l’École artistique d’Ixelles (1887) puis à l’Académie de Bruxelles (1898-1901) et président du cercle artistique l’Essor. En 1902, le sculpteur crée le monument à Everard t'Serclaes : la sculpture évoque la libération de la ville par Éverard t'Serclaes, échevin de Bruxelles au 14e siècle. L'œuvre est classée depuis 2002.
Fidèle à son style et à ses thèmes de prédilection, Dillens est à la fois un grand maître de la sculpture belge et un artiste controversé. Atteint d’un cancer, Julien Dillens décède le 24 décembre 1904 à Bruxelles. Il est alors âgé de 55 ans.
Références bibliographiques
Potvin, J., 1913. Julien Dillens, Statuaire. Bruxelles : F. De Nobele.