- Les portes vers l’infini
Les portes vers l’infini
Huile sur toile
Signature et date en bas à droite : Jane Graverol - 1953.
1953
80 x 60 cm

Jane Graverol

(Bruxelles 1905 - Fontainebleau 1984)
  - Les portes vers l’infini
Les portes vers l’infini
Huile sur toile
Signature et date en bas à droite : Jane Graverol - 1953.
1953
80 x 60 cm

Biographie

Jane Graverol est une artiste peintre surréaliste belge née le 18 décembre 1905 à Ixelles. Dans son œuvre, elle explore la position des femmes, leur corps, leur liberté. Son univers est jonché de cages, d’oiseaux, d’animaux, de plantes, de machines, de soleils et de lunes. Jane Graverol est la fille du peintre et graveur Alexandre Graverol qui fréquente les poètes symbolistes à Paris tel que Paul Verlaine. Jane Graverol fait une formation à l'Académie des Beaux-Arts d'Etterbeek et à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles où elle suit les cours de Constant Montald et Jean Delville. Après une première exposition à Bruxelles en 1927, elle s'installe, quelques années plus tard à Verviers. Séparée de son second mari, le compositeur Willy Dortu, elle préside à partir de 1938 l'Union artistique et littéraire de Verviers. Influencée d'abord par le peintre, graveur, illustrateur, théoricien de l'art et enseignant français André Lhote puis, après la Seconde Guerre mondiale, par René Magritte et Giorgio De Chirico. Dès 1946, sa peinture est qualifiée de surréaliste lors de son exposition au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. En 1949, Jane Graverol rencontre Magritte, Louis Scutenaire, Camille Goemans et Marcel Lecomte.
« Jane Graverol me vint un soir trouver et me fit tout à trac : ‘Y a rien ici. Faisons quelque chose’. Nous avons fait Temps mêlés, c'était en octobre 1952 », raconte André Blavier, bibliothécaire à Verviers. Le premier numéro de la revue littéraire belge d'avant-garde Temps mêlés paraît en décembre. La revue fait partie de la mouvance des revues post-surréalistes de l'après-guerre 1940-1945. En mars 1953, lors d'un vernissage d'une exposition de Magritte qu'elle organise dans la cave de la revue Temps mêlés, Jane Graverol rencontre Marcel Mariën avec qui elle vivra durant une dizaine d'années. La même année, Temps mêlés publie sous le titre Jane Graverol une plaquette rassemblant des textes de la plupart des surréalistes belges. Marcel Mariën et Jane Graverol fondent avec Paul Nougé la revue Les Lèvres nues, subversive, anticléricale et staliniste, qui paraît d'abord, en avril 1954. En janvier 1956, Les Lèvres nues publient Histoire de ne pas rire, recueil des écrits théoriques de Paul Nougé. En 1959, Jane Graverol prend une part active à la réalisation du film de Mariën, L'Imitation du cinéma, auquel participe Tom Gutt. Il s’agit d’une farce érotico-freudienne contre l'Église, qui provoque un scandale suivi d'une plainte déposée au parquet de Bruxelles. Le film sera encore projeté à Liège, à Anvers dans une salle des fêtes et à Paris au musée de l'Homme puis il sera interdit en France. Dans les années 1960, Jane Graverol rencontre André Breton, et à New York, Marcel Duchamp. Ces rencontres sont capitales dans l'évolution de son style. Puis elle partage l'existence de Gaston Ferdière. Installée en France, elle continue d'exposer régulièrement en Belgique. En 1964, elle peint La Goutte d'eau ; tableau conservé à Liège au musée de l'Art wallon dans lequel elle rassemble les portraits des principaux surréalistes belges. « Ces quelque quinze personnes sont on ne peut plus harmonieusement mises en rapport sans rien perdre de ce qu'elles ont individuellement de plus significatif. « La goutte d'eau » : on ne pouvait rêver intitulation plus poétique mais il y va aussi d'une coupe pratiquée dans le plus beau tissu de l'aventure durant un demi-siècle : cette eau a les vertus d'un plasma d'une sève », lui écrit André Breton en 1966.
Comme le reste du groupe surréaliste belge, Jane Graverol construit des images oniriques et conceptuelles. Contrairement au travail de ses collègues masculins, ses compositions se concentrent principalement sur une figure féminine fière et déterminée. Alors que les surréalistes ont tendance à montrer les femmes dans le rôle passif de muse idéalisée, Graverol représente plutôt un corps féminin érotique dont les traits bestiaux mélangent le conte de fées et le grotesque. Anges, phénix, dragons et autres créatures ailées apparaissent dès le début dans ses peintures, mais deviennent des éléments récurrents dans les années 1960, lorsque l'artiste commence à expérimenter le collage. Son œuvre L’école de la Vanité (1967) illustre cette approche ; poussant à l'extrême l'ambiguïté du mythologique, elle véhicule une féminité monstrueuse mais consciente de sa propre sensualité. Bien que son corps soit un enchevêtrement de machines, son visage est aussi délicat et séduisant que la fleur qu'elle tient entre ses pattes. Refusant de considérer cette vanité comme un défaut, Graverol la présente comme un outil indispensable à la femme moderne, et voit dans cet entrelacement de mythologie et de technologie la voie de l'émancipation. Cette métamorphose en hybride donne l’image d’une figure féminine capable de façonner son propre destin en transformant les parties de son corps en armes d’autonomisation sociale. Une exposition lui est dédiée à la galerie Isy Brachot à Bruxelles en 1968, puis à la galerie Furstenberg à Paris en 1972, ainsi que plus récemment en 2002 au Musée Royal des Beaux-Arts d'Anvers, intitulée Désirs en cage : Janes Graverol, Rachel Baes et le surréalisme. Le 24 avril 1984, Jane Graverol s’éteint à Fontainebleau. Elle est alors âgée de 77 ans. En 2022, les œuvres Jane Graverol sont présentées à l'exposition SurréAlice au Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg et, en 2023, à l'exposition Surréalisme au féminin ? au Musée de Montmartre de Paris (sa peinture Le sacre de printemps est reproduite pour le catalogue et l’affiche de l'exposition).
 
Références bibliographiques
www.belgianpavilion.be/fr/projects/central-pavilion-2022