Félix De Boeck
(Drogenbos 1898 - Drogenbos 1995)
Composition
Graphite sur papier
Monogramme en bas à droite : F
Circa 1920
100 x 132 mm
Œuvres
Biographie
Issu d’une famille de paysans du Brabant flamand, Félix De Boeck apprend la peinture en autodidacte. Le jeune artiste évolue très rapidement. Il traverse, entre 1916 et 1919, la quasi-totalité de l’évolution de l’art moderne : l’impressionnisme, le fauvisme, l’expressionnisme, le cubisme et le futurisme. Tous ces passages aussi brefs qu’intenses sont complétés entre-temps par des leçons d’histoire de l’art qu’il prend secrètement auprès d’August Vermeylen. Influencé par les lettres de Vincent Van Gogh à son frère et les photos en noir et blanc de dessins de cette publication, De Boeck se passionne pour la problématique de la couleur et de la forme. Ses origines de fils d’agriculteur et son caractère naturellement pieux voire mystique lui font rapidement adhérer aux thèmes et aux idées du peintre néerlandais. Les périodes fauviste, « Goghienne » et futuriste de Félix De Boeck constituent un exercice d’équilibre entre les surfaces colorées et les rythmes d’une part et l’expression de ses préoccupations philosophiques d’autre part.
C’est en 1918 que l’on découvre, à l’occasion de ce qu’on appellera sa première période fauviste, les toutes premières manifestations d’œuvres très abstraites. Celles-ci se caractérisent par une simplification à l’extrême et par l’utilisation flagrante de lignes parallèles. Des compositions géométriques, souvent réalisées à l’encre et à la plume, sont le fruit d’observations détaillées. Plus tard, Félix De Boeck baptise lui-même cette période Sturm und Drang sous l’étiquette « vouloir mais ne pas pouvoir ». Les œuvres réalisées au cours de la période 1917-1919 dégagent une grande force ; elles sont habitées par une tension particulière dans laquelle les idées futuristes du mouvement jouent, en toile de fond, un rôle prépondérant. A partir de 1919, il fréquent le Cercle d’Art à Bruxelles où il fait la connaissance des frères Pierre et Victor Bourgeois. L’évolution vers l’abstraction se confirme à travers la série Maskers (Masques). A travers ces œuvres, De Boeck brise l’évolution « logique » qui le guide jusqu’à ce jour. En 1919, Félix De Boeck tend la définitivement vers l’abstraction à partir des paysages qu’il décompose en plusieurs niveaux. Peu à peu, l’artiste abandonne la composition horizontale et se met à décomposer la toile ou le panneau sans avoir recours aux références figuratives. En 1920, la conférence sur la plastique pure donnée par Théo Van Doesburg lui ouvre la voie des théories du cénacle artistique De Stijl. Pour autant, il ne renie pas son approche lyrique qui le définit si bien et il s’engage de plus en plus dans la voie de l’abstraction avec la série Vertiges. Pendant un an, l’abstraction géométrique sera son seul et unique moyen d’expression. En 1922, il s’associe à la création de la revue 7 Arts qui défendait les principes constructivistes et il opte peu à peu pour une figuration abstraite, puisant son inspiration dans la réalité objective. Cela sonne le glas de la période abstraite ‘pure’ et constitue le décor au sein duquel la figuration fait à nouveau son entrée. Les éléments géométriques continuent néanmoins à jouer un rôle important lorsque De Boeck emprunte, après 1925, définitivement la voie de la figuration.
Procédant par cycles, Genèse (1923), Autour d’une naissance (1926), il tente de donner une signification profondément spirituelle à ses œuvres en se basant sur l’identification de la nature au cosmos et au divin. Ceci peut être vu comme une conséquence des éléments fondamentaux déjà présents dans son œuvre de jeunesse : la recherche de la transcendance et la quête de sens. Les signes géométriques – le point, la ligne et le cercle –, tels qu’ils apparaissent dans son œuvre, forment autant de symboles d’une expérience transcendantale, chrétienne de la nature. Ainsi De Boeck passe-t-il d’une figuration géométrique construite à une figuration géométrique stylisée. La différence réside dans le fait qu’au cours de la première période, la géométrie générait aussi bien la composition que les formes, alors que dans son œuvre ultérieure la géométrie a toujours été au service de la figuration. En 1925, il est l’un des fondateurs de L’Assaut. Il expose à Bruxelles, ainsi qu’à Paris, à la galerie Au Sacre du Printemps. Les toiles abstraites font progressivement place à des images visionnaires – Maternité, Mort, Don de soi –, reflets d’expériences dramatiques personnelles. A partir de 1932, les dessins deviennent en fait des modèles pour ses peintures comme en témoigne l’approche sérielle des sujets. De Boeck se joue du combat contradictoire opposant les dessins figuratifs géométriques avec en toile de fond un décor lyrique et abstrait. A partir des années 30, les événements évoluent et s’accomplissent dans un isolement relatif. Malgré de multiples contacts avec des collègues, De Boeck n’expose presque pas entre 1930 et 1952. Cette période, y compris la Deuxième Guerre mondiale, fut pour l’artiste un période d’exploration personnelle et intime. Installé dans la ferme familiale à Drogenbos, il se consacre à la philosophie, aux activités rurales et à la peinture.
C’est après 1955 que le déclin se confirme dans l’œuvre de Félix De Boeck, au moment où il reprend des thématiques anciennes. Ensuite, son œuvre bénéficiera d’une reconnaissance internationale dans les années 70. A cette époque, il est membre de l’Académie royales des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts. En 1972, il offre à l’État belge une série de soixante peintures et de onze dessins. De Boeck réalisera, dans ses dernières années, une ultime synthèse, un enchaînement de plusieurs séries de peintures. Il est décoré de l’ordre de Léopold en 1993 et reçoit le titre de baron. Il meurt deux ans plus tard. Félix De Boeck a légué son immense collection à la commune de Drogenbos, qui est réunie depuis 1996 au FeliXart Museum. Bien que le maigre succès de ses œuvres auprès du public et son contexte familial particulier l’aient placé en marge de la scène artistique, De Boeck reste fidèle à lui-même tout au long de sa vie ; ses peintures et ses dessins découlent naturellement de l’assimilation antérieure de son vécu personnel.
Références bibliographiques
Servellòn S., 2012. L’œuvre de Félix De Boeck en dessins. Drogenbos : Pandora Publishers.
Valcke S., Félix De Boeck, 1995. in Éliane De Wilde (préface), Le dictionnaire des peintres belges du XIVe siècle à nos jours depuis les premiers maîtres des anciens Pays-Bas méridionaux et de la Principauté de Liège jusqu’aux artistes contemporains, t. 1. Bruxelles : La Renaissance du Livre.