Peintre, dessinatrice et autrice de collages belge, Marthe Donas est née le 26 octobre 1885 avec sa sœur jumelle Livine à Anvers. Animée très tôt par le désir de peindre, Marthe Donas se heurtera pendant toute sa vie à des obstacles qui la freineront dans la réalisation de ce désir. Elle grandit dans une famille bourgeoise d’Anvers. Son père, Romain Donas, refuse qu’elle devienne peintre. Elle suit malgré tout des cours à l’Académie d’Anvers pendant une année en 1902 et, après dix ans d’interruption, en 1912-1913. En 1914, la guerre l’empêche de poursuivre sa formation. Elle émigre aux Pays-Bas avec sa famille et puis séjourne en Irlande avec sa sœur Laure vers 1915. A Dublin, elle apprend la technique du vitrail dans l’atelier de Sarah Purser. En 1916, elle s’installe à Paris dans le quartier de Montmartre où elle découvre le cubisme et le modernisme en fréquentant l’atelier d’André Lhote. Au début de l’année 1917, elle peint ses premières œuvres cubistes et abstraites. Après un séjour à Nice où elle rencontre le sculpteur Alexandre Archipenko, elle retourne à Paris en 1918, et devient membre du groupe de peintres et de sculpteurs de la Section d'Or ou groupe de Puteaux. Elle y côtoie de nombreux artistes tels que Fernand Léger, Georges Braque, Albert Gleizes, Marcel Duchamp, Constantin Brancusi, Franz Kupka et Jean Metzinger. Autour de 1920, son œuvre est exposée à travers l'Europe et elle éveille l'intérêt d'autres artistes de l'avant-garde sous le pseudonyme masculin de Tour Donas.

Sans ressources, elle doit remettre son atelier (à Piet Mondriaan) et revient momentanément à Anvers où elle rencontre Théo Van Doesburg. Ce dernier l’incite à prendre contact avec le mouvement De Stijl. Sous le pseudonyme de Tour d’Onasky, elle écrit des articles pour le périodique De Stijl. Elle est la première femme artiste belge à travailler dans un style abstrait. En 1919-1920, Marthe Donas réalise sa première exposition individuelle à la librairie Kundig à Genève sous le pseudonyme de Tour Donas. Elle expose à nouveau seule à la Galerie Der Sturm à Berlin chez le célèbre marchand de tableaux Herwarth Walden. En 1922, Marthe Donas épouse Harry Franke qui achève des études de philosophie à Paris. Ils s’installent ensuite à Ittre dans le Brabant Wallon. Commence alors une vie de déménagements (Paris, Ittre, Anvers, Lisbonne, Braine-l’Alleud, Bruxelles) et de difficultés professionnelles pour son mari. Des circonstances familiales la contraignent à abandonner temporairement la peinture. Durant cette période, elle donne naissance à sa fille Francine en 1931. Mais, en 1947, après une interruption de vingt ans, elle reprend ses pinceaux et entame, pleine d'enthousiasme, une seconde carrière. Un voyage de deux mois aux États-Unis et au Canada l’enthousiasme et la décide à recommencer à peindre. Après la Seconde Guerre Mondiale, elle se remet alors au travail, d’abord dans un style figuratif schématique. En 1949, elle expose à la galerie Apollo à Bruxelles des peintures figuratives où elle recherche à nouveau le mouvement des formes, des couleurs et des lignes dans le tableau. Elle réalise des têtes d’animaux et des visages humains, souvent réduits à des figures triangulaires. Ses paysages épurés portent également les traces de sa période cubiste initiale.

A partir de 1958, elle revient à l’abstraction avec des jeux de couleurs rythmiques. Un an plus tard, elle expose à Anvers à Hessenhuis avec les premiers peintres abstraits belges. Son rôle de pionnier y est souligné. En 1960, elle utilise même des brosses larges pour poser sur la toile des traits gras et noirs. La même année, une grande exposition lui est consacrée au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Sa recherche la conduit, au début des années 60 et jusqu’à sa mort en 1967, à vouloir explorer « l’au-delà de la matière ». En 1961, le travail de Donas se voit décerner une place importante dans l’exposition Der Sturm. Herwarth Walden und die Europaïsche Avant-garde. Berlin 1912-1932 à la National Galerie de Berlin :

« L’artiste a déclaré qu’elle aimait la simplicité extrême. Elle attache une grande importance au rythme de ses compositions, tant par l’emploi des couleurs que par les jeux de lignes et la division des plans. Elle veut saisir l’infini dans le fini. Pour cela, elle considère la première intuition comme essentielle. Elle recherche la sublimation au-delà de la matière. »

Artiste d’avant-garde, encore trop peu connue, Marthe Donas est pourtant qualifiée de première femme abstraite belge dans le monde de la peinture. Son parcours artistique lui a fait partager les recherches et les innovations picturales des plus grands. Elle s’éteint le 30 janvier 1967 à Audregnies.

La Fondation Marthe Donas est créée le 18 décembre 2003 afin d'assurer la conservation et la promotion des œuvres. Un musée lui est également consacré à Ittre. Le Musée Marthe Donas est ouvert depuis octobre 2010. Le visiteur peut y découvrir le trajet de cette femme artiste à travers photos et documents provenant des archives familiales.

 

Musée Marthe Donas, s.d., www.museemarthedonas.be, 24 janvier 2022.

Piron, P., 2003. Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècle. Ohain : Art in Belgium.