Léon Frédéric
(Bruxelles 1856 - 1940)
Ronde d’enfants
Crayon sur papier
Signature en bas à droite : L. Frédéric
Circa 1890
305 x 665 mm
Œuvres
Biographie
Paysagiste, peintre d’allégories, de sujets religieux et sociaux, Léon Frédéric nait à Gand le 26 août 1856. Il est le fils d'un maître-joaillier qui l’initie très tôt à l’art du dessin et de la peinture. A quinze ans, il est apprenti chez Charle-Albert, peintre-décorateur réputé. L’adolescent est ensuite confié à Jules Van Keirsbilck avec lequel Frédéric éduque son œil et affermit sa main. Il suit les cours du soir à l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles pendant 7 ans. Pendant ce temps-là, il fréquente l’atelier de Jean-François Portaels. En 1875, il se cotise avec de jeunes peintres pour louer un atelier où ils peuvent étudier le modèle vivant.
De 1876 à 1878, il prépare le Prix de Rome auquel il échoue à l’épreuve éliminatoire. Néanmoins, son père lui offre de quoi voyager en Italie toute une année. Il effectue alors un long voyage en compagnie du sculpteur Julien Dillens à Venise, Florence, Naples, Romes. Il visite aussi l’Angleterre, l’Allemagne et les Pays-Bas. Les voyages orientent sa carrière de façon décisive : l'influence des primitifs italiens se combine alors à celle de leurs imitateurs anglais, les préraphaélites, et d’Edward Burne-Jones en particulier. La même année, il expose pour la première fois au Salon de Bruxelles et il fait ses débuts au sein du groupe l'Essor qui réunit des tenants du réalisme. En 1882, Léon Frédéric découvre l'œuvre inspirante du peintre naturaliste français Jules Bastien Lepage. Son art est l'alliance bizarre d'un naturalisme maniéré et de la naïveté et la luxuriance du Quattrocento et des Primitifs flamands, souvent exécuté sous forme de triptyques. Les tableaux de Frédéric prennent souvent la forme d'allégories ésotériques. C'est la poésie de la misère, de la résignation, du devoir silencieux, du courage. Si les thèmes de sa peinture sont parfois ceux des réalistes français, sa manière en diffère considérablement : des éclairages inhabituels, des couleurs crues et discordantes, un dessin minutieux où le modelé est accentué jusqu'à l'insolite, des compositions chargées contribuent, à l'inverse, à « déréaliser » sa peinture. Ces œuvres suffisent à le classer comme l'un des maîtres du courant symboliste belge. Elles annoncent aussi certains thèmes surréalistes.
En 1883, il accompagne sa cousine en Ardenne, à Nafraiture. Inspiré par la région, il s’y installe pendant plus de vingt ans et y atteint le sommet de son art en mêlant l’idéalisme à la réalité. Il est salué comme un peintre plein de promesses avec son tableau Les Marchands de Craie, un triptyque ralliant le modernisme au génie des Maîtres primitifs. Au Salon du 1877, Léon Frédéric expose son polyptique Les âges du paysan, qui provoque l’étonnement général des critiques et du public ; sa conception hardie et révolutionnaire ouvre la porte à une tendance nouvelle de la peinture belge. En 1899, il s’installe à Schaerbeek et participe à de nombreux salons et expositions internationales ainsi qu’aux salons d’Art idéaliste. Ce n'est nullement incompatible avec ses préoccupations sociales : au contraire, l'œuvre de Frédéric est tout à fait caractéristique de ce symbolisme utopique dont l'irréalisme n'est qu'une forme de protestation contre l'état de la société contemporaine et un appel pour un avenir meilleur. C'est ainsi qu'il faut interpréter ses grandes allégories, aux titres révélateurs : Le peuple, un jour, verra le soleil ou Les Âges de l'ouvrier. Ce qui s’affirme dans les différentes œuvres de Léon Frédéric, c’est la sympathie qu’il éprouve pour les malheureux, les déshérités du sort, les besogneux luttant contre la misère, voués à un obscur destin immérité, donc injuste. Mais si le drapeau rouge flotte dans le second de ces tableaux, Frédéric préfère souvent se réfugier dans le thème plus rassurant des maternités ou de la nature consolatrice. La nature est omniprésente dans la production de cet artiste, tant dans ses paysages, dans ses œuvres sociales, où il brosse avec réalisme la vie des paysans de Flandre ou des ouvriers ardennais, que dans ses toiles allégoriques. Un idéal humanitaire, proche de l’anarchisme caractérise ses compositions à message social. A partir de 1890, marqué par le symbolisme, il réalise quelques œuvres de grandes dimensions d’une facture encore naturaliste.
En 1904, il est nommé membre de l’Académie royale de Belgique. Élevé au rang de baron par le roi Albert 1er en 1929, en même temps que James Ensor, Frédéric est connu comme l’un des peintres majeurs du symbolisme en Belgique. Sa technique résulte d’un long apprentissage avec les peintres belges tels que Portaels ou Van Keirsbilck, mais aussi de l’observation des grands maîtres de la peinture italienne comme Michel Ange. Léon Frédéric décède le 25 janvier 1940, il est alors âgé de 83 ans.
Références bibliographiques
La Fondation Chaidron-Guisset, s.d., www.fondation-chaidron.be, 21 Février 2022.
Roberts-Jones, P., 1995. Le dictionnaire des peintres belges du XIVe siècle à nos jours. Bruxelles : La Renaissance du Livre.
Universalis, s.d., www.universalis.fr, 21 février 2022