René Guiette
(Anvers 1893 - Wilrijk 1976)
Sans titre
Aquarelle sur papier
Date et signature en bas à droite : René Guiette - 1 4 61
1961
215 x 152 mm
Œuvres
Biographie
René Émile Etienne Albert Louis Guiette, premier enfant d’une fratrie de deux garçons, naît le 12 octobre 1893 à Anvers. Son frère Robert Guiette, né le 6 juillet 1895, est un philologue romaniste, poète et écrivain belge francophone. Il deviendra professeur de Littérature française, de Philologie romane et d’Histoire des Littératures. De 1954 à 1976, il est élu à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique où il occupe le deuxième fauteuil. Le père de famille, Jules Guiette, est un peintre, aquarelliste, pastelliste et aquafortiste luministe anversois. Il décède le 9 mars 1901 et c’est sa femme, Louise Pecquereau, qui s’occupera seule de l’éducation de ses deux fils.
Dès 1899, René Guiette entame sa scolarité à l’école primaire du Collège Notre-Dame des jésuites à Anvers. En 1908, il change d’école et s’inscrit au lycée Michaux-Montgenast à Bruxelles. Cinq ans plus tard, il entre à l’École militaire et se présente au concours d’admission pour la section d’artillerie et du génie. Il y étudie les Kunst Van Heden. Son objectif est d’étendre la renommée des artistes modernes belges en organisant des expositions dans plusieurs villes européennes (Paris, Berlin, Helsinki, Amsterdam, Stockholm, Oslo, etc.). A la déclaration de la Première Guerre mondiale, René Guiette devient sergent dans l’infanterie de l’armée belge rattachée à la 4e division, 13e régiment de ligne. Pendant cette période, il dessine quelques portraits au crayon et il s’intéresse aux écrits mystiques aussi bien occidentaux qu’orientaux. En 1918, il reçoit plusieurs distinctions honorifiques de guerre : médaille de la victoire, médaille commémorative de la guerre 14-18. Il reçoit également les titres de Grand Officier de l’Ordre de Léopold et d’Officier de l’Ordre de la Couronne.
A son retour de guerre en 1919, il commence sa carrière de peintre autodidacte. Il n’avait alors appris à peindre qu’en compagnie de son père. Il se passionne alors pour l’ésotérisme et les philosophies orientales. Dans son travail artistique, il confronte les grandes tendances de l’art contemporain à celles de l’Orient. René Guiette passe de l’expressionnisme au cubisme pour se diriger ensuite vers une figuration proche du post-cubisme de Picasso.
Un an plus tard, il rencontre Marie Tinchant, sa future épouse. Ensemble, ils ont trois enfants : Vincent, Raymone et Marianne. En 1921, il réalise sa première exposition personnelle à la galerie Janus à Anvers et participe à l’exposition triennale d’Anvers Kunst Van Heden. Il séjourne régulièrement à Paris et se lie d’amitié avec Blaise Cendrars et Max Jacob.
« Il est bien rare que l’invention plastique s’unisse à tant de qualité de cœur et d’esprit sur la toile… » Max Jacob
En novembre 1925, René Guiette adresse une lettre à Le Corbusier : il souhaite avoir une maison analogue à celle du peintre Ozenfant à Paris. En 1926, l’architecte dresse les plans et expose son projet de la Maison Guiette. On désigne plus tard cette maison comme « la plus laide d’Anvers ». Bâtie en 1926 par l'architecte anversois Paul Smekens et située au 32 avenue des Peupliers, cette maison-atelier (non visitable aujourd’hui) est le seul édifice de Le Corbusier en Belgique. Elle classée Monument Historique en 1978. La maison de l’artiste influence véritablement sa recherche des espaces dans la peinture. « Cette recherche continue à travers les impératifs de la peinture et de la méditation », dit-il. En octobre 1926, Walter Schwarzenberg ouvre et inaugure la Galerie d’art contemporain Le Centaure. Celle-ci établit un contrat avec René Guiette pendant une période déterminée. La galerie assure à l’artiste une rémunération et, en échange, l’artiste laisse au Centaurele premier choix dans sa collection et lui garantit périodiquement un certain nombre de peintures. La même année, il participe à l’exposition de groupe De Onafhankelijkheid au Stedelijk Museum Amsterdam aux côtés de James Ensor notamment. En 1927, il rencontre Fernand Léger à Paris.
Lors du krach financier de 1929, l’agent de change de l’artiste se suicide après avoir dilapidé la fortune personnelle de la famille Guiette. La crise financière provoque la faillite de la galerie Le Centaure et de nombreuses autres entreprises. Le commerce de l’art subit énormément de répercussions négatives. De décembre 1931 à janvier 1932, René Guiette participe à l’exposition de groupe Œuvres de Guiette-Magritte-Picard au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. A partir de l’année 1932, l’artiste s’oriente également vers la photographie. Il achète un appareil photographique Leica. Son œuvre photographique se situe surtout entre 1932 et 1958 avec énormément de reportages, de scènes familières mais aussi des scènes plastiques et expressives dont certaines apparaissent dans sa peinture.
En 1935, René Guiette organise une exposition personnelle de peintures et de gouaches à la galerie Louis Manteau. L’année suivante, il devient membre fondateur du groupe Anvers. A cette période, Hitler ferme le Bauhaus et attaque l’art moderne au congrès international-socialiste de Nuremberg. En 1939, il brade l’art moderne lors de la vente publique de Lucerne. Au mois de mai 1940, à cause des bombardements et pour retrouver son fils Vincent parti en France avec les scouts, toute la famille Guiette fuit Les Peupliersà vélo. Ils endurent les bombardements de Dunkerque et sont mitraillés le long des routes. La Gestapo arrête souvent Vincent car il fait partie de la Résistance du Mouvement national royaliste belge (à l’insu de son père). De retour à Anvers, la famille retrouve la maison intacte. René Guiette ne peint plus grand-chose à cause du manque de matériel et des couvre-feux. Le 16 décembre 1944, rentré d’une bataille, Vincent se rend au cinéma Rex à Anvers avec des amis. Le cinéma est touché dans un bombardement et Vincent est tué sur le coup. La Maison Guiette devient inhabitable à cause des bombes volantes et toute la famille déménage à Bruxelles chez des parents.
De 1946 à 1948, René Guiette devient professeur de photographie à l’Institut supérieur d’Architecture de La Cambre à Bruxelles. En 1948, il participe à la 24e Biennale de Venise (pavillon belge) aux côtés de James Ensor, Paul Delvaux, René Magritte, Gustave De Smet et bien d’autres. En octobre, il devient membre de la Compagnie de l’Art Brut créée par Dubuffet. Guiette participe à de nombreuses expositions collectives et réalises des expositions personnelles dans divers pays : Italie, Suisse, France, Japon, Brésil, USA, etc. Le 1er octobre 1953, il est nommé professeur d’Harmonie de Couleurs à l’Institut supérieur d’Architecture de La Cambre. D’avril à juin 1955, il participe à l’exposition de groupe Individualità d’Oggi à la galerie di Spazio à Rome aux côtés de Karel Appel, Paul Jenkins, Lucio Fontana, …
À partir des années 1956-57, sa pratique artistique aborde quelque chose d’absolument nouveau. Il abandonne toute référence au réel, son propos ne consiste plus en une mise en abstraction de certains éléments de la réalité. Il s’agit maintenant pour Guiette de mettre son univers pictural au service d’un état d’esprit. Profondément imprégné de la pensée zen, celle-ci se reflète vivement dans l’atmosphère de ses œuvres par l’utilisation de signes orientaux. Ces derniers deviennent alors des équivalences de sa vie intérieure et de ses méditations. Depuis le mois de juin 1957, le sable apparait dans sa peinture abstraite comme un élément déterminant. Les aquarelles de petits formats font également leur apparition. En 1958, René Guiette commence à travailler ses œuvres en insérant les incisions et les gravures dans la matière, généralement composée de sable et de peinture à l’huile.
En 1964, René Guiette est nommé membre de l’Académie royale flamande des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. Vers la fin de sa vie, l’artiste belge enchaine les expositions et participe à de multiples projets artistiques privés et publics. Le 19 octobre 1976, René Guiette s’éteint à l’âge de 83 ans à la clinique Saint-Augustin d’Anvers. Dix jours plus tard, son épouse Marie Tinchant décède également à la suite d’une maladie.
« L’originalité de l’art informel de René Guiette réside dans sa faculté à faire naître le spirituel du matériel. »
Bibliographie
Kerchove d'Ousselghem, M. & Goyens de Heusch, S., 1991. René Guiette. Anvers : Fonds Mercator.
René Guiette, s.d. http://reneguiette.com/, 8 octobre 2020.