Jacob Smits
(Rotterdam (Pays-Bas) 1856 - Achterbos 1928)
Le soulard
Sanguine sur papier
Signature en haut à droite : Jacob Smits
Titre en bas au centre : le soulard
Titre en bas au centre : le soulard
Circa 1890
208 x 255 mm
Œuvres
Biographie
Jacob Smits est un peintre belgo-hollandais né à Rotterdam en 1856. Il peint des paysages, des sujets religieux, des scènes de genre et des portraits. Très jeune, il aide déjà son père dans le domaine de la décoration. De 1872 à 1882, il étudie aux académies de Rotterdam et de Munich et suit également des cours à Vienne, Rome et Bruxelles. Entre 1882 à 1888, il reçoit ses premières grandes commandes de décorations murales : le plafond du vestibule de l’ancien bâtiment du musée Boijmans Van Beuningen à Rotterdam et la façade du Rijksmuseum à Amsterdam. Les petits tableaux qu’il réalise simultanément sont complètement différents de ces grands projets. Les sujets qu’il aborde, réalisés avec une pâte (mélange de peinture) audacieuse et sombre, témoignent d’un réalisme sentimental à la mode à cette époque.
Impressionné par la Campine belge [1], il se fixe définitivement en 1888 à Achterbos, un hameau de la ville de Mol. Là-bas, il achète pour 2000 francs une ferme au toit couvert de chaume où il établit son atelier. La même année, il épouse Malvina Dedeyn, fille d’un avocat de Bruxelles, qui sera déshéritée à cause de son mariage. Jacob Smits baptise sa demeure Malvinahof, du prénom de sa femme. Smits vit dans la pauvreté, alors qu’il travaille sans relâche à ce qu’il appellera plus tard « mon travail simple, symbolique, poétique et vrai ». Après son mariage, Jacob Smits s’installe à Amsterdam. Pendant plusieurs années, il est directeur de l’École d’artisanat et de décoration de Haarlem, où il enseigne également. Influencé par les peintres de l’École de La Haye, dont Jozef Israëls, Anton Mauve et Albert Neuhuys, il peint de nombreux paysages hollandais à Blaricum, Laren et dans le Limbourg hollandais. En 1889, Smits aspire à la solitude et part vivre définitivement dans le Kempense Mol, l’un des coins les plus désertiques du pays. Pendant cette période, il est confronté à de graves problèmes financiers.
En 1899, en seulement quelques jours, il perd sa fille Alice et son épouse Malvina. En 1901, Smits se remarie avec Josine Van Cauteren. Un an plus tard, il obtient la nationalité belge. À partir de ce moment, ses compositions s’éclaircissent progressivement et ses toiles deviennent de plus en plus grandes. Sa pratique artistique est une synthèse de ses peintures intimes et de son mobilier décoratif. Pendant cette période, il réalise une série considérable d’aquarelles aux couleurs saturées sur fond d’or. Il peint aussi des portraits émouvants d’agriculteurs et des scènes de la vie quotidienne. Pendant la Première Guerre mondiale, Smits arrête de peindre et se consacre pleinement à ses fonctions dans la municipalité en tant que président du comité du travail de Mol. Après la guerre, il reprend ses pinceaux et devient de plus en plus obnubilé par l’intégration de la lumière dans ses œuvres. Pour rendre cette lumière, il n’utilise que le processus de couches de peinture. Ses couleurs deviennent alors plus fraîches et plus vives. Avec ces épaisses couches de peinture, ses toiles ressemblent à de l’écorce rugueuse. Dans les dernières années de sa vie, il peint principalement des intérieurs de fermes et des paysages. Au cours de cette période, il peint de vastes paysages avec des silhouettes minuscules qui rappellent l’École de Laethem-Saint-Martin à travers leur structure et leur atmosphère. Peu de temps avant sa mort, son travail devient plus raffiné, son style de peinture est plus lisse. La pâte est à nouveau douce, les couleurs sont vives et chaudes. Il laisse inopinément derrière lui des œuvres de fin de vie radicalement différentes du reste de son travail.
Son art, qui dégage d’ailleurs un certain primitivisme, détient irrévocablement une brume de mysticisme et de simplicité qui caractérise l’art paysan. Jacob Smits est un peintre solitaire, en marge de tout mouvement. Il crée une sorte de symbolisme pré-expressionniste où la lumière prend une importance considérable et à laquelle il attache une signification presque spirituelle. L’artiste s’éteint le 15 février 1928 à Achterbos, il est alors âgé de 71 ans.
[1] Campine : Région qui se trouve partiellement en Belgique et partiellement aux Pays-Bas.
Références bibliographiques
Piron, P., 2003. Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècle. Ohain : Art in Belgium.
Roberts-Jones, P., 1995. Le dictionnaire des peintres belges du XIVe siècle à nos jours. Bruxelles : La Renaissance du Livre.